L’écrivain Jean-Marie Gustave Le Clézio alerte sur le devenir des Indiens kuna
Six mois avant la COP26 qui doit se dérouler à Glasgow en novembre prochain, le Prix Nobel de littérature 2008 lance un cri d’alarme sur la montée des océans qui a d’ores et déjà pour effet d’obliger les Indiens kuna à quitter leurs îles au large du Panama. Il publie dans Le Monde daté de ce dimanche 16 mai et de lundi 17 une tribune dans laquelle il décrit comment la mer vient insensiblement les couvrir d’eau comme si tombait sur la terre un "très lent déluge".
Alors que la 26e conférence mondiale sur le climat devrait décréter une nouvelle fois l’urgence des mesures à prendre "pour la décennie à venir, peut-être pour la fin du siècle", Jean-Marie Le Clézio nous apprend qu"'il existe un peuple pour qui cette catastrophe a déjà commencé" : il s’agit des Indiens kuna de l’archipel des San Blas, sur la côte Atlantique du Panama. Tant et si bien que pour "échapper à la mer", ils n’ont d’autre choix que de migrer à bord de leurs pirogues vers un "avenir incertain" quand ils se retrouvent dans la forêt inhospitalière la plus proche sur le continent.
"C’est l’homme qui appartient à la Terre"
L’écrivain a vécu sur ces îles dans un "décor fragile" lorsqu’il avait 30 ans et regrette de ne pas y être retourné depuis. C’est sa culture mauricienne et bretonne, assure-t-il, qui lui a donné "la capacité de partager avec des gens qui ne vivent que de la mer". Les Kuna ont été dans les années 1920 les premiers autochtones à proclamer leur indépendance et à fonder la République de Tulé. Ils font aujourd’hui partie de nation panaméenne. Ils sont unis par une même langue, le tule kay. "L’invasion de la mer [leur] est difficile à vivre" […]. Il sera difficile pour les gens de la mer de devenir des gens de la forêt".
Jean-Marie Gustave Le Clézio fait observer en conclusion que "nous n’arrivons pas à comprendre cette chose très simple que l’Indien Lumi Sealth avait énoncée dans son discours, en 1854, que ce n’est pas la Terre qui appartient à l’homme, mais l’homme qui appartient à la Terre". Et pose la question : Les pays riches et pollueurs auront-ils cette fois une pensée pour le peuple de Tulé, lors de la 26e conférence mondiale sur le climat en novembre, en Écosse ?" Qui donc relaiera le plaidoyer de l’écrivain lors de la COP26 à Glasgow ?
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Selon les données disponibles sur internet (wikipedia et d’autres sites), 50 000 Kunas vivent essentiellement du tourisme sur les plus grandes îles San Blas, alors qu’ils sont cinq fois plus nombreux au Panama, au Costa Rica et en Colombie.