Le collectif Pour que vivent nos langues se transforme pour amplifier ses actions
Il y a six ans que les associations de défense et de promotion des langues de France sont en contact au sein de ce collectif pour engager ensemble périodiquement des actions communes dans les régions concernées. Elles viennent de se réunir à Bayonne, au nombre d’une vingtaine en vue de réitérer leurs revendications à l’approche d’élections décisives, mais aussi pour mieux s’organiser au sein d’une association interrégionale. À l’issue de leur réunion, elles ont diffusé le communiqué suivant.
Mis à jour 30/10/2025, 22:00
Une vingtaine d’associations échangent sur les actions à mener à court et moyen termes
Né en 2019 pour dénoncer les conséquences délétères de la réforme du lycée mise en place par l’ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, le collectif Pour que vivent nos langues regroupait des associations de défense des langues dites « régionales ».
Il est officiellement devenu une association loi 1901, à l’occasion de l’Assemblée générale constitutive qui s’est tenue à Bayonne le 25 octobre dernier.
Cette assemblée générale intervient à un moment où le soutien du public aux langues régionales n’a jamais été aussi élevé : un sondage IFOP de juillet 2025 (voir infra) montre que 77 % des Françaises et Français sont favorables à leur reconnaissance officielle (+5 % en 10 ans).
Après les votes des statuts et du règlement intérieur, cette Assemblée générale a été l’occasion pour les membres de la vingtaine d’associations présentes d’échanger sur les actions à mener à court et moyen termes. Ils ont ainsi réaffirmé la nécessité pour l’association de continuer à interpeller parlementaires et candidat.e.s aux différentes élections, à développer des campagnes de sensibilisation à destination du grand public et à organiser des actions revendicatives sur le terrain, que ce soit à Paris – siège du pouvoir législatif et exécutif – ou dans les territoires, par le biais de mobilisations décentralisées.
Par ailleurs, dénonçant à nouveau le manque de volonté politique pour définir un cadre juridique qui permettrait la mise en place de politiques linguistiques territoriales efficientes afin d’assurer le plein développement de nos langues et le respect des droits de leurs locuteur.rices,
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Les représentants des mouvements réunis à Bayonne, à l'origine de la création de l'association Pour que vivent nos langues. Photo DR.
Modifier la Constitution, adopter une loi linguistique globale
Pour que vivent nos langues réaffirme le besoin de modifier l’article 2 de la Constitution française et d’adopter une loi linguistique globale.
En effet, nos langues ne bénéficiant actuellement pas, dans les territoires où elles sont historiquement parlées, d’un statut de coofficialité, leur transmission et leur usage restent marginaux et, de fait, leurs locuteur.rices sont relégué.es au rang de citoyen.nes de seconde zone.
Il résulte de cette différence de traitement une inégalité entre les citoyen.nes : une personne parlant français peut vivre au quotidien dans sa langue en toute normalité alors que cette possibilité n’est pas juridiquement assurée pour un.e locuteur.rice d’une langue territoriale. Cette réalité entrave de fait le processus de réappropriation des langues par les habitant.e.s des territoires concernés. Nos langues ne « vivent » donc pas pleinement et, dans de nombreux territoires, elles arrivent tout juste à survivre.
Le passage de collectif en association permettra à Pour que vivent nos langues de mieux se structurer – tant au niveau du fonctionnement que sur le plan économique -, de consolider son action et, nous l’espérons, d’inciter davantage d’acteurs associatifs linguistiques à se joindre aux structures déjà fédérées pour peser plus encore dans le débat public et atteindre les objectifs ici présentés.
Communiqué reproduit d’après le site Las nòvas de la FELCO (Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc). Publié initialement sur le site Pour que vivent nos langues.
Le sondage IFOP de juillet 2025
Il a été réalisé à la demande de la fédération Régions et peuples solidaires (RPS), dont l’UDB (Union démocratique bretonne) fait partie en Bretagne, à l’occasion de son Université d’été et s’intitule Radioscopie du régionalisme en 2025. L’organisme est en mesure de fournir des points de comparaison ponctuels par rapport à des sondages antérieurs. L’enquête a été réalisée en juillet 2025, d’une part, auprès d’un échantillon national de 2 000 personnes et, d’autre part, auprès de sept échantillons régionaux, dont le nombre n’est pas précisé. Trois thématiques ont été abordées :
- Le soutien aux revendications régionalistes, avec des focus notamment sur le soutien des Bretons au rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, celui des Français et des Corses à un statut d’autonomie pour la Corse ou encore celui des Alsaciens à la création d’une nouvelle région Alsace
- Le rapport au centralisme et au fédéralisme
- Le rapport à l’identité régionale ou locale.
Une seule question concernant les usages de langues a été posée, et elle portait sur la compréhension de la langue régionale. Deux cartes de résultats ont été publiées sur ce point. La première affiche la proportion de personnes comprenant bien ou assez bien leur langue régionale (9 % comprenant le breton en Bretagne historique). C’est le taux le plus bas des régions parlant une langue propre, ce qui s’explique tout simplement par le fait que le breton est bien plus connu en Basse-Bretagne qu’en Haute-Bretagne.
La seconde carte ne tient compte que de la proportion de personnes (largement moindre) comprenant bien leur langue régionale (3 % dans la même configuration). Par contre, l’intérêt affiché pour les cultures régionales est incomparablement supérieur dans toutes les régions.
Il est cependant regrettable que l’IFOP n’ait pas posé de question sur la capacité des personnes interrogées à s’exprimer dans une langue régionale et sur leur pratique éventuelle de la langue. D’autres sondages l’ont fait, fort heureusement.
Les résultats complets du sondage IFOP Radioscopie du régionalisme en 2025
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