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Le blog "langue-bretonne.org"
3 juillet 2017

Peuples déplacés : J.M.G. Le Clézio défend leur droit au retour

Le Clézio JMG

Le peuple dont le Prix Nobel de littérature 2008 a pris la défense dans Le Monde daté de dimanche et de ce lundi est celui des îles Chagos, situées entre l'Afrique et l'Indonésie, au milieu de l'océan Indien. Les Chagossiens ont dû quitter l'archipel sur lequel ils vivaient depuis plusieurs siècles, suite à la décision du Royaume-Uni en 1965 d'autoriser les États-Unis à s'installer sur l'atoll de Diego Garcia : quand on dit "s'installer", il s'agissait en réalité d'y implanter une base militaire. C'est ce qu'explique le journaliste Nicolas Truong en présentant J.M.G. Le Clézio comme "un écrivain aux côtés des damnés de la terre".

Le malheur d'un peuple pacifique

L'écrivain franco-mauricien et d'ascendance bretonne avait découvert en 1980 "la misère sociale et la douleur morale" des habitants des Chagos, forcés de quitter leurs îles et qui avaient alors été déportés vers Maurice et les Seychelles. Il plaide leur cas auprès de Barack Obama, sans succès, et s'indigne d'un jugement de la Cour européenne des droits de l'homme considérant comme irrecevable une plainte des Chagossiens.

Ce que nous apprend Le Monde, c'est que l'assemblée générale des Nations unies vient d'adopter le 22 juin dernier une résolution présentée par Maurice avec le soutien de l'Union africaine : elle se prononce en faveur des droits et de l'identité du peuple chagossien.

  • Si ce n'est que les Américains et les Britanniques s'y sont opposés, ce qui ne facilitera pas sa mise en œuvre.
  • Si ce n'est aussi que la France s'est abstenue, ce que Jean-Marie Gustave Le Clézio considère "incompréhensible et scandaleu[x]".

Dans son article du Monde, l'écrivain pense à "tous les peuples frères déracinés, tous déterminés, tous en attente de justice". Il qualifie la résolution des Nations unies de "fragile espoir pour cette population malmenée par la nation militariste la plus puissante du monde". Et pose une simple question : "la nouvelle administration Trump sera-t-elle plus sensible que la précédente au malheur d'un peuple pacifique qui ne demande qu'à retourner vivre dans sa terre natale ?" C'est bien dit, et c'est une autorité qui l'écrit.

Pour en savoir plus

  • Nicolas Truong. Un écrivain aux côtés des damnés de la terre. Le Monde, 2 et 3 juillet 2017, p. 26.
  • J.M.G. Le Clézio. Le retour au pays des peuples déplacés est un droit fondamental. Le Monde, 2 et 3 juillet 2017, p. 26-27.
  • Émile Kerjean et Paolig Combot. Jean-Marie Le Clézio et la Bretagne. Morlaix, Skol Vreizh, n° 69, 2014, 84 p., ill. Dans ce livre, J.M.G Le Clézio explique comment il est issu d'une famille bretonne du Morbihan et ce qui l'identifie à la Bretagne. Émile Kerjean décrypte en une cinquantaine de pages les chemins parcourus par l'écrivain, sa biographie et sa bibliographie.
Commentaires
F
Je pense qu'il vaudrait mieux quelquefois être un plus attentif à ce qu'écrivent les autres pour éviter de poser des questions sans objet et de gloser à l'infini sur ce qu'on croit avoir lu. Contrairement à ce que prétend Hoël dans son nouveau commentaire ci-dessus, la France ne s'est pas prononcée "en faveur" des droits du peuple chagossien : c'est l'assemblée générale des Nations unies qui l'a fait, et à une très large majorité. Pan sur le bec, comme aurait dit Le Canard. La France, elle, s'est abstenue, c'est ce que j'écris précisément ici et c'est cela que Jean Marie Gustave Le Clézio trouve scandaleux. Prenez donc la peine de lire dans son intégralité la tribune qu'il a publiée dans Le Monde, ça vous évitera de conjecturer sur des méprises. Quant à savoir si Le Clézio se prononce en faveur des droits des Kanaks ou des Bretons, en insinuant qu'il pourrait ne pas le faire, le mieux là encore aurait été de s'en référer à ce qu'il en dit ailleurs, et c'est la raison pour laquelle je renvoyais à l'interview qu'il a accordée à Skol Vreizh en 2014. Son propos tient compte de son histoire et il a l'intérêt d'être subtil et de ne pas être caricatural. L'inexactitude et les procès d'intention m'agacent au plus haut point, et je ne veux pas passer mon temps à disserter sur des approximations. Je mets donc un terme à la présente discussion. Mais toute nouvelle contribution sera bienvenue. FB
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H
"...elle se prononce en faveur des droits et de l'identité du peuple chagossien."<br /> <br /> <br /> <br /> Il est hypocrite de défendre des droits quand ça nous arrange et de ne pas le faire quand ça ne nous arrange pas.<br /> <br /> <br /> <br /> Le droit au retour n'est pas le seul droit des peuples, <br /> <br /> <br /> <br /> J.M.G. Le Clézio se prononce t-il "en faveur des droits et de l'identité" des peuples corse, kanak, tahitien, basque, breton, ... ?<br /> <br /> <br /> <br /> Voir la france "se prononcer en faveur des droits et de l'identité du peuple chagossien" quand elle nie ces droits et cette identité aux Corses, aux Kanaks, aux Tahitiens, aux Basques, aux Bretons, aux Alsaciens, ne serait qu'une nouvelle manifestation de son incommensurable hypocrisie.
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F
Que veut dire Hoël par son commentaire ci-dessus, exactement ? La citation reproduite d'après Wikipedia ne contredit pas le propos de J.M.G. Le Clézio, me semble-t-il. Lui aussi parle de la "déportation" des Chagossiens. La présentation du journal Le Monde fait explicitement état d'un "peuple pacifique" issu d'anciens esclaves venus de l'Afrique de l'Est : il n'y a qu'à s'y référer. Depuis plusieurs siècles, ou pas ? Au moins deux, de toute évidence, et c'est probablement la raison pour laquelle le Prix Nobel de littérature 2008 en fait état en ces termes. Faut-il pinailler sur l'arrivée, disons, relativement récente de ces Africains aux îles Chagos ? Que ne devrait-on dire alors de celle des Noirs en Amérique ? Ne seraient-ils pas chez eux ? Les Chagossiens ne devraient-ils donc plus prétendre à revenir chez eux ? C'est, je crois, tout ce que défend Le Clézio. J'invite à lire le texte intégral de sa tribune dans Le Monde. Tout comme d'ailleurs l'article de Wikipedia sur les îles Chagos, que je viens de découvrir, merci Hoël. L'un et l'autre présentent deux facettes différentes d'une même réalité. Mais faudrait-il interdire aux Chagossiens de retourner vivre dans leurs îles sous prétexte de la création d'un parc naturel marin, alors que les Américains ne sont apparemment pas disposés à quitter leur base, quand bien même serait créé ce parc naturel ? Un petit archipel dans le vaste monde. Des questions complexes. Jean-Marie Gustave Le Clézio nous invite à penser aussi à "l'espoir du retour [de] tous ceux qui ont été mis à la porte de leur propre pays" et ne pas rester indifférent. FB
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H
Il faut quand même préciser que les Chagossiens ne sont pas un peuple "autochtone". <br /> <br /> <br /> <br /> "Les Chagossiens ont dû quitter l'archipel sur lequel ils vivaient depuis plusieurs siècles..." <br /> <br /> <br /> <br /> "Plusieurs siècles ? Pas vraiment :<br /> <br /> <br /> <br /> "À partir de 1784, l'archipel des Chagos jusque là officiellement inhabité commence à être occupé de façon permanente. Pierre Marie Le Normand, un planteur français spécialisé dans le sucre et la noix de coco et basé à l'Île de France, actuelle île Maurice, installe la première concession de noix de coco dans l'île de Diego Garcia. Il emmène avec lui entre vingt-deux et soixante-dix-neuf esclaves originaires de Madagascar et du Mozambique ainsi que quelques "libres de couleur".<br /> <br /> "En 1826, on comptait 375 esclaves, 9 blancs, 22 "libres de couleurs" et 42 lépreux dans l'archipel. Au total, les Chagos étaient peuplées à cette période par 448 habitants dont la moitié vivaient à Diego Garcia."<br /> <br /> "Au milieu des années 1960, l'archipel reste peu peuplé. Sa population est estimée entre 1 500 et 2 000 personnes "<br /> <br /> "Dans les années suivantes, de 1967 à 1973, environ 2 000 Chagossiens sont déportés par la force ou la ruse par le gouvernement britannique...<br /> <br /> <br /> <br /> https://fr.wikipedia.org/wiki/Chagossiens<br /> <br /> Wikipedia
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Le blog "langue-bretonne.org"
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Votre blog est impressionnant autant sur le fond que sur la forme. Chapeau bas !
Un correspondant occitan, février 2020.

Trugarez deoc'h evit ho plog dedennus-kaer. [Merci pour votre blog fort intéressant].
Studier e Roazhon ha kelenner brezhoneg ivez. Miz gouere 2020. [Étudiant à Rennes et enseignant de breton. Juillet 2020].

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