Peuples déplacés : J.M.G. Le Clézio défend leur droit au retour
Le peuple dont le Prix Nobel de littérature 2008 a pris la défense dans Le Monde daté de dimanche et de ce lundi est celui des îles Chagos, situées entre l'Afrique et l'Indonésie, au milieu de l'océan Indien. Les Chagossiens ont dû quitter l'archipel sur lequel ils vivaient depuis plusieurs siècles, suite à la décision du Royaume-Uni en 1965 d'autoriser les États-Unis à s'installer sur l'atoll de Diego Garcia : quand on dit "s'installer", il s'agissait en réalité d'y implanter une base militaire. C'est ce qu'explique le journaliste Nicolas Truong en présentant J.M.G. Le Clézio comme "un écrivain aux côtés des damnés de la terre".
Le malheur d'un peuple pacifique
L'écrivain franco-mauricien et d'ascendance bretonne avait découvert en 1980 "la misère sociale et la douleur morale" des habitants des Chagos, forcés de quitter leurs îles et qui avaient alors été déportés vers Maurice et les Seychelles. Il plaide leur cas auprès de Barack Obama, sans succès, et s'indigne d'un jugement de la Cour européenne des droits de l'homme considérant comme irrecevable une plainte des Chagossiens.
Ce que nous apprend Le Monde, c'est que l'assemblée générale des Nations unies vient d'adopter le 22 juin dernier une résolution présentée par Maurice avec le soutien de l'Union africaine : elle se prononce en faveur des droits et de l'identité du peuple chagossien.
- Si ce n'est que les Américains et les Britanniques s'y sont opposés, ce qui ne facilitera pas sa mise en œuvre.
- Si ce n'est aussi que la France s'est abstenue, ce que Jean-Marie Gustave Le Clézio considère "incompréhensible et scandaleu[x]".
Dans son article du Monde, l'écrivain pense à "tous les peuples frères déracinés, tous déterminés, tous en attente de justice". Il qualifie la résolution des Nations unies de "fragile espoir pour cette population malmenée par la nation militariste la plus puissante du monde". Et pose une simple question : "la nouvelle administration Trump sera-t-elle plus sensible que la précédente au malheur d'un peuple pacifique qui ne demande qu'à retourner vivre dans sa terre natale ?" C'est bien dit, et c'est une autorité qui l'écrit.
Pour en savoir plus
- Nicolas Truong. Un écrivain aux côtés des damnés de la terre. Le Monde, 2 et 3 juillet 2017, p. 26.
- J.M.G. Le Clézio. Le retour au pays des peuples déplacés est un droit fondamental. Le Monde, 2 et 3 juillet 2017, p. 26-27.
- Émile Kerjean et Paolig Combot. Jean-Marie Le Clézio et la Bretagne. Morlaix, Skol Vreizh, n° 69, 2014, 84 p., ill. Dans ce livre, J.M.G Le Clézio explique comment il est issu d'une famille bretonne du Morbihan et ce qui l'identifie à la Bretagne. Émile Kerjean décrypte en une cinquantaine de pages les chemins parcourus par l'écrivain, sa biographie et sa bibliographie.