Le Japon en breton
La période de l'été est propice aux découvertes. C'est sans doute la raison pour laquelle la revue en langue bretonne Brud Nevez, sous une couverture séduisante, nous propose dans son dernier numéro de partir en voyage en direction du Japon.
La journaliste Missa Ichijyo a vécu près de sept ans en Bretagne : elle, ce qui l'a séduite ici, c'est la Bretagne celtique et mystérieuse. Mais les Bretons visitent aussi le Japon, choisissent même d'y vivre ou vont y travailler quelque temps. Cela a été le cas tout récemment de la harpiste Cécile Corbel, sollicitée par les studios Ghibli pour composer la musique de leur tout dernier film d'animation. Jean-Philippe Audren préside l'association des Bretons du Japon : pour lui, vivre au pays du Soleil Levant est une décision qu'il faut bien préparer ! La plupart des Japonais n'imaginent même pas qu'on parle en France d'autres langues que le français : mais quelques-uns ont appris le breton. Les Bretons du Japon, quant à eux, s'expriment en anglais dans les entreprises internationales dans lesquelles ils travaillent.
Le Japon a la réputation d'un pays en avance pour tout ce qui est de la technologie et de la robotique. Mais la modernité a quelquefois là-bas aussi la même allure qu'ici, avec la pollution des plages par le plastique : Sarah Auffret, une Bretonne qui vient de passer un an près de la petite ville de Naruto, raconte comment elle a réussi à mobiliser la population locale pour le nettoyage d'une plage !
Le Japon est enfin un pays de grande littérature : qui n'a pas eu l'occasion de lire des haïku ? Le Brestois Alain Kervern en est le spécialiste et il termine d'ailleurs la rédaction d'un livre dans lequel il se demande pourquoi tant de Non Japonais écrivent des haiku. En avant-première, il propose dans Brud Nevez un extrait de ce livre, car assez nombreux sont aussi ceux qui écrivent en breton de ces courts poèmes en trois vers.
La prononciation du breton
Le sujet est d'actualité avec la parution il y a quelques semaines du livre de Mikael Madeg, précisément intitulé "Traité de prononciation du breton" (voir message du 26 mai 2010), précédé de la soutenance de thèse de Jean-Claude Le Ruyet, qui traite de quatre règles de prononciation de la langue dans les écoles (voir message du 28 décembre 2009).
Dans Brud Nevez, J.-C. Le Ruyet souligne toute l'importance d'une bonne approche en breton en breton de la liaison consonne finale + voyelle initiale, qui diffère de ce qu'elle est en français. Il invite donc les enseignants de breton à prêter une attention particulière à cette question. Et va jusqu'à suggérer sur ce point une modification de l'orthographe en usage dans les écoles, de manière à réduire les obstacles à l'acquisition d'une bonne prononciation : "tant qu'à transmettre la langue, il serait bête, dit-il, de ne le faire qu'à moitié".
Jean le Dû est sur la même longueur d'ondes. Dans son compte rendu du livre de M. Madeg, il apporte beaucoup d'éléments sur le contexte. Lui aussi, en insistant sur l'importance d'une prononciation correcte du breton, en vient à aborder la question de l'orthographe : "bien apprendre à lire à partir d'une orthographe inappropriée est une chose, mais, se demande-t-il, ne serait-il pas plus aisé de rapprocher l'écrit de la langue parlée ?" Ce sont là des questions de fond, et il faut espérer que le débat puisse se poursuivre sereinement et sans a priori.
À découvrir également dans ce numéro d'été de Brud Nevez : trois nouvelles, dont l'une traduite de l'écrivain belge Frank Roger et une autre d’Henri Dorsel, qui abordent tous deux la problématique de la perte de la mémoire, que ce soit pour cause de maladie ou pour cause d'accident.