Petite analyse sociolinguistique d'une émission TV
J’ai bien entendu suivi “Red an amzer” ce dimanche 24 mai. Le magazine en langue bretonne était à tonalité maritime, avec un reportage de Mathieu Henry sur l’un des plongeurs de la Station Biologique de Roscoff et un intéressant documentaire de Jean-Pierre Lyvinec sur la filière pêche en pays bigouden.
La pêche bigoudenne se fait bien du souci, avec la raréfaction de la ressource et l’application des normes européennes. En quelques mois, ce sont une vingtaine de bateaux du Guilvinec qui ont été envoyés à la casse, l’équivalent de toute la flotte du port voisin de Loctudy. On détruit les anciens bateaux et on n’a pas le droit d’en construire de nouveaux. Michel Lucas, un patron-pêcheur que je connais bien, est assez pessimiste : il se demande quand donc les pouvoirs publics s’intéresseront pour de bon à la pêche. Celle-ci est pourtant indispensable à la prospérité économique du pays bigouden, même pour y attirer les touristes. Pascal Boccou considère qu’il faut miser sur la qualité pour contrer les importations, et surtout éviter de fermer des ports.
Je me suis livré à un petit calcul : en tout ce sont 9 personnes différentes qui ont été interviewées dans le cadre de cette émission, y compris un agriculteur bio du Léon dont on suit les activités de semaine en semaine. Mais sans compter les enfants de l’école publique bilingue de Lanmeur qui présentaient un petit sketch sur le problème des déchets.
Sur ces 9 intervenants, deux au moins sont des néo-locuteurs. Parmi les locuteurs qui s’expriment en breton du pays bigouden, deux étaient des retraités et trois sont dans la vie active, mais paraissent avoir plus de 50 ans. Le jeune marin en formation s’exprimait en français. Les élèves de Lanmeur font sans doute tous l’acquisition du breton comme langue seconde dans le cadre scolaire. Aujourd’hui, “Red an amzer” donnait à voir et à entendre la diversité des pratiques du breton, un peu comme cela apparaît dans le cadre du nouveau sondage dont je viens de publier les résultats sous le titre “Parler breton au XXe siècle”.