La Poste et le breton : il n'y aura plus de problème
Je viens de recevoir de La Poste copie de la réponse qu'a fait parvenir son PDG, Jean-Paul Bailly, au Président du Conseil Régional de Bretagne, suite au courrier que Jean-Yves Le Drian lui avait fait parvenir (voir messages précédents).
De toute évidence, La Poste veut lever toute ambiguïté, concernant la dénomination des noms de lieux en Bretagne. Que dit-elle ?
- 1. elle est "soucieuse de concilier performance économique, satisfaction de ses clients et respect des valeurs de la République, de sa diversité linguistique et culturelle"
- 2. "depuis toujours, [elle] collecte, trie et distribue des courriers comportant des adresses à consonance bretonne". [Ça n'a pas été toujours absolument le cas, mais puisque c'est présenté comme un acquis…]
- 3. "il est exact que, jusqu'à une époque récente, le système de lecture rencontrait des difficultés pour interpréter certains signes de ponctuation ou les spécificités de certains mots bretons. Dans ce cas, le traitement du courrier est simplement manuel, mais sans aucune dégradation de qualité, bien entendu".
- 4. La Poste "s'équipe aujourd'hui de machines ultraperformantes qui lisent encore mieux et plus vite les adresses, qu'elles soient en français ou en breton. Ces machines sont même capables de trier 80% du courrier dans l'ordre de la tournée du facteur"
- 5. "d'ici fin mai 2009, une nouvelle version informatique du système de reconnaissance des adresses résoudra la totalité des cas spécifiques restant encore à traiter".
- 6. "en aucune façon, La Poste ne privilégie le français pour le libellé des adresses. La dénomination des voies, hameaux ou lieux dits est évidemment du ressort des municipalités".
- 7. pour améliorer la distribution du courrier, La Poste veut travailler "en concertation avec les élus locaux pour que toutes les voies, hameaux et lieux dits portent un nom, que ce nom soit breton ou français".
Si c'est aussi simple que cela, pourquoi ne pas l'avoir dit dès le départ ? Il semble bien tout de même que La Poste ait rapidement tenu compte de l'émotion (appelons cela comme ça) soulevée par les propos de son directeur Ouest quand il a averti que les nouvelles machines de tri ne pourraient pas lire les apostrophes et qu'il fallait donc remplacer les toponymes bretons par d'autres à consonance française. Ce directeur n'était sans doute pas très bien informé : les nouvelles machines de tri "ultraperformantes" lisent aussi bien le breton que le français. Et comme je m'en doutais, l'informatique peut faire des miracles : une "nouvelle version" du système de reconnaissance des adresses va résoudre "tous les cas spécifiques restant encore à traiter" et elle sera au point d'ici 4 mois. Il n'y aura donc plus de problème pour la lecture des apostrophes du breton ou de n'importe quelle autre langue ! C'est magique.
En tout cas, les communes ne pourront pas prétendre que c'est La Poste qui leur demande de changer la dénomination de leurs noms de lieux. Qu'on se le dise : La Poste est favorable, dans le respect des valeurs de la République, à "la diversité linguistique et culturelle". Toutes les administrations pourraient-elles en dire autant ?