L’hebdomadaire Le Poher de Carhaix : sidération après une alerte à la bombe
Deux menaces de mort, relayées sur deux sites d’extrême droite, avaient déjà été adressées à la rédaction du journal par messages téléphoniques. Ce lundi matin, la tension est encore montée d’un cran puisque l’auteur ou l’un des auteurs de ces menaces s’est permis de téléphoner directement et de vive voix à la rédaction à l’heure de l’ouverture des bureaux, à 9 heures 01 très précisément, pour une alerte à la bombe.
Les locaux ont aussitôt été évacués. La gendarmerie maritime de l’Île longue est intervenue avec un chien renifleur, ainsi que celle de Carhaix. Les recherches dans les locaux et à proximité n’ont rien donné. Il n’empêche que ces alertes à répétition sont forcément angoissantes pour les collaborateurs du journal carhaisien et pour tous ceux avec qui il est en relation.
Ce mardi, Erwan Chartier-Le Floc’h, directeur et rédacteur en chef du journal, répondant aux questions du quotidien Le Télégramme, faisait par de « la sidération et de la colère » qu’il ressentait, car, ajoute-t-il, « on s’attaque à une entreprise et donc à des salariés. On s’attaque aussi à la liberté de la presse, et à la presse en général. C’est inadmissible ». Il a déposé plainte pour la troisième fois pour menaces de mort et en plus, cette fois-ci, pour menace de destruction, de dégradation ou de détérioration dangereuses pour les personnes. Il craint désormais pour sa vie et celle de ses collaborateurs et sa famille. Une enquête est en cours.
Selon le responsable du Poher, ces menaces semblent provenir de la mouvance de l’ultradroite et qu’elles sont en lien avec les manifestations qui se sont déroulées à Callac, pas très loin de Carhaix, en fin d’année dernière, et j’en avais fait état sur ce blog. Il y a lieu de se demander pourquoi elles apparaissent en ce moment si ce n’est pour exacerber des tensions qui n’ont pas lieu d’être alors que, dans un souci d’apaisement, le maire de Callac a annoncé l’abandon du projet d’accueil de réfugiés dans sa commune.
Les condamnations sont unanimes et des messages parviennent de toute part à la rédaction de l’hebdomadaire.
- L’ancien rédacteur en chef de France 3 Iroise et ancien responsable des émissions en langue bretonne de France 3 Bretagne, le blogueur et chercheur que je suis ne peut que s’associer à ces réactions. De telles menaces à l’égard de journalistes et de leurs collaborateurs ainsi qu’à l’égard d’un moyen d’information légitime sont aussi insupportables que détestables. Et c’est sans réserve que je transmets à Erwan Chartier-Le Floc’h et à ses équipes l’expression de mon total soutien.
Un hebdomadaire diffusé sur trois départements et en ligne
Le Poher est diffusé sur 84 communes, réparties sur 13 cantons du Centre-Bretagne, au point de rencontre de trois départements, Finistère, Côtes-d’Armor et Morbihan. Les bureaux de la rédaction (photo ci-dessus, DR) sont hébergés dans le centre-ville de Carhaix. L’équipe est composée de trois journalistes et de trois autres personnes au service administratif. Elle fait appel à tout un réseau de correspondants locaux.
Son précédent propriétaire, Christian Troadec, l’a cédé à Erwan Chartier-Le Floc’h en 2020. Le Poher peut se targuer d’être un hebdomadaire indépendant, alors que la plupart des hebdos sont désormais adossés à un groupe de presse. Il bénéficie toutefois de la logistique de distribution du groupe Télégramme.
L’édito du rédacteur en chef est publié tant en version bretonne que française dans l’édition en ligne sur le site de l’hebdo, et sans doute aussi dans dans l’édition papier.