Souad Massi remarquable à Brest pour les Jeudis du port
Et j’y étais aussi, j’y tenais. Je l’ai découverte dès la sortie de ses premiers disques par l’entremise d’Arnaud Maisonneuve, venu de Bourgogne en Bretagne et lui-même chanteur au sein du groupe Cabestan : ayant appris le breton, il considérait les gwerziou bretonnes comme notre blues à nous. J’avais été très heureux à la même époque d’entendre Souad Massi dans la grande salle du Quartz lors d’une de ses tournées.
Le pays natal, en arabe et en français
Au premier Jeudi du port après deux ans de diète – on écrit aussi "Yaouvezh ar porzh" maintenant sur les affiches - la chanteuse d’origine algérienne a attiré la foule au rythme d’une voix chaleureuse qu’elle module comme elle veut, une des plus belles dans le registre des musiques du monde. Elle a interprété ses textes, je n’ai pas pu deviner si c’était en arabe classique ou en algérois, peut-être aussi en berbère, mais des traductions sont disponibles sur les livrets de CD ou en sous-titrage de certaines vidéos.
Pour ce concert elle n’a chanté qu’une seule chanson en français, celle, assurément poignante, qu’avait composée François Mallet-Joris sur une musique de Marie-Paule Belle, Pays natal, qui dit en même temps l’inéluctabilité des choix de l’émigrée et l’attraction qu’exerce toujours ce pays-là sur elle.
- Il n’y avait rien à regretter là-bas
- Alors je suis partie loin de chez moi
- […] Il n’y avait rien à regretter là-bas.
- Pourtant j’y pense encore, j’ai un peu mal
- Même si je suis loin, si je suis bien chez toi
- Je n’ai pas quitté mon pays natal
Aux premiers rangs devant la scène, des jeunes filles fredonnaient ses textes. À la différence de ceux ou celles qui chantent en breton, Souad Massi n’a rien dit ce soir-là des autres titres qu’elle a superbement interprétés à Brest, et c’est tout aussi bien. On sait qu’elle y parle d’amour, de liberté, de l’émancipation nécessaire, de l’Algérie où rien n’est jamais facile… Sobrement vêtue d’un chemisier blanc et d’un jean, elle est assise pour jouer de la guitare ou d’autres petits instruments, ou debout son micro face au public. On se laissait saisir tour à tour par la mélancolie ou par toute l’énergie qui l’animait.
Les quatre musiciens qui l’accompagnaient se sont fait remarquer par leur engagement et la justesse de leur registre. Le batteur a su déclencher l’enthousiasme des spectateurs par des solos extraordinaires. Un très beau spectacle. Merci, Souad Massi. Tugarez !
- Ce jeudi 4 août, on entendra sur la scène du Grand Large deux chanteurs du groupe Zebda, puis Kumbia Bokura, un groupe de musique afro-caribéenne originaire du Mexique.
- Site officiel de Souad Massi : https://souad-massi.com
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