À Vannes, les historiens de la SHAB sur le terrain
Les organisateurs du congrès de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne à Vannes ont joliment appelé ça une excursion pédestre. C’est effectivement l’occasion de quitter l’amphithéâtre où sont présentées les communications pour découvrir les monuments et les sites historiques de la ville in situ, en compagnie de spécialistes.
Les membres de la SHAB ont d’abord pu visiter la cathédrale Saint-Pierre, de style néo-gothique pour une part et dont la construction s’est étalée sur plus de cinq siècles. A l’intérieur, côté nord comme côté sud, on trouve de nombreuses chapelles, dont l’une dédiée à Sainte Anne et une autre à Saint Mériadec et Saint Patern, premier évêque de Vannes. La tombe de Saint Vincent Ferrier a été récemment réaménagée dans le croisillon nord à l’occasion du 600e anniversaire de sa mort, survenue le 5 avril 1419. En circulant dans les travées, on peut voir une bannière d’hermines dédiée à Saint Pierre.
Vénérable institution vannetaise s’il en est, le lycée Saint-François-Xavier a été fondé par les jésuites en 1850. Il accueille aujourd’hui quelque 1 150 élèves. Sagement assis dans la salle d’accueil, les congressistes ont été longuement accueillis par le directeur, Yannick Touzé. Ils ont pu parcourir les couloirs, entrer dans les chapelles ainsi que dans la bibliothèque de livres anciens (sur trois niveaux) qui attend d’être informatisée.
L’établissement affiche sans détour son identité de lycée privé catholique. S’il a été fait allusion aux relations conflictuelles récurrentes entre les jésuites et les autorités publiques, on peut regretter que les intervenants aient fait l’impasse sur le contexte de cette histoire à rebondissements.
Bien que construite sous le Second Empire et inaugurée en 1865, la préfecture du Morbihan est en quelque sorte le temple de la République française, dont les initiales figurent au frontispice du bâtiment. Cela surprendra sans doute les Bretons militants : on y découvre aussi la représentation de deux personnages majeurs de l’histoire de Bretagne au haut Moyen-Âge, Nominoë et Alain Barbetorte.
Nominoë, qui fut d’abord comte de Vannes, est célèbre pour avoir battu Charles le Chauve en 845 à Ballon. Alain Barbetorte fut duc de Bretagne de 936 à 952, mais n’a cependant pas le prestige de ses prédécesseurs. Si la construction de la préfecture du Morbihan avait lieu aujourd’hui, est-on sûr que les mêmes personnages se retrouvent sur la façade du bâtiment ?
La façade et les toits de la préfecture sont inscrits au titre des monuments historiques. La visite des jardins situés à l’arrière du bâtiment et qui furent dessinés dès 1862 est bien agréable, avec la présence, par exemple, de séquoias tricentenaires près d’une rivière, le Liziec. La couleur verte de l’eau m’interpelle (voir message sur la pollution de la rivière).
Dernière halte sur la place Maurice Marchais, juste devant l’Hôtel de ville, tout près de la statue du duc de Richemont sur son fier destrier. Construit à l’initiative du maire républicain Émile Burgault, le bâtiment est une copie de l’Hôtel de Ville de Paris, en moins grand, style Renaissance italienne. Quatre bustes, dont la symbolique est forte, sont présents sur la façade : ceux de Lesage, Descartes, Thiers et Mirabeau. Le vitrail, au palier de l’escalier d’honneur, représente le mariage d’Anne de Bretagne et de Charles VIII en 1491.
Lors de la réception des congressistes à l’Hôtel de Ville, Gabriel Sauvet, maire-adjoint à la culture et au patrimoine, s’est fait remettre par Bruno Isbled, le président de la SHAB, l’ouvrage de Jean-Yves Guiomar, "Le bretonisme", qui vient d’être réédité dans une nouvelle présentation aux Presses universitaires de Rennes avec le concours de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne.