Le téléphérique et Les Capucins, c'est à Brest
Le journal m'apprend qu'à Brest le tout nouveau téléphérique a été emprunté par plus de 77 000 passagers en janvier dernier, considéré comme le premier mois complet d'exploitation "normale" (quoique…), soit 1 500 voyageurs par jour en semaine et 4 700 chaque jour de week-end.
Et que la toute nouvelle médiathèque des Capucins est fréquentée par plus de 16 000 personnes par semaine depuis son ouverture. Ah ! Je ne vous l'ai pas précisé : "Le journal", à Brest comme à Plougastel, c'est Le Télégramme, évidemment (en pages de Brest, édition du 10 février).
J'ai contribué aux statistiques puisque je m'étais inscrit, avec deux bons camarades, pour la première visite guidée de la médiathèque le 19 janvier. À condition de pouvoir y aller par le téléphérique. Je n'aurais pas fait l'un sans découvrir l'autre. C'est bluffant.
Le téléphérique est très agréable, même en position debout. Il est aussi très rapide : on a à peine le temps de regarder à droite, à gauche, devant, derrière, en haut, en bas (et en bas, c'est la Penfeld), le pont de Recouvrance, l'autre rive de la rade à l'horizon, les immeubles tout près… On prend deux ou trois photos, on est déjà arrivé.
En dehors du besoin que l’on peut avoir de le faire pour ses déplacements, il faudrait le prendre plusieurs fois, ce premier téléphérique urbain de France, pour tout bien voir, en fonction de l'heure, de la lumière et du temps qu'il fait. Quand on en descend, on reste regarder la cabine qui repart. Quand on veut repartir, on regarde celle qui arrive. Par temps de ciel bleu, c'est parfait. C'est forcément mieux que d'y aller en voiture.
Les Capucins ? L'espace impressionne, du dedans comme du dehors. Dehors, on est juste face au bagne de Pontaniou. Dedans, des machines ont été laissées en place, pour que le site reste un lieu de mémoire ouvrière. Jeudi 9 février, Charlotte Heymelot donnait la parole à Gérard Cabon, que je connais bien, sur toute une page d'Ouest-France (édition de Brest) : c'est là que se trouvaient les Ateliers, raconte-t-il, et les ouvriers savaient tout faire, de la petite vis de 4 à l'hélice de 20 mètres.
L'espace est loin d'être tout occupé aujourd'hui. Une banque annonce l'implantation prochaine d'une pépinière de start-up. D'autres projets sont en gestation. La médiathèque François-Mitterrand-Les Capucins est ouverte depuis le 10 janvier déjà.
Apparemment, tout le monde trouve plus simple de dire "Les Capucins". Le lieu est attrayant, c'est le moins qu'on puisse dire. La preuve ? Quelque 2 500 visiteurs par jour, des centaines de nouveaux adhérents, la venue d'un nouveau public jeune…
La raison ? Le cadre, les différents niveaux, la luminosité, les livres en accès libre à lire sur place ou à emporter, les CD et vidéos à portée de main, les BD et les jeux pour les jeunes… Bref, un lieu assez unique, plein de ressources et de promesses. Un lieu à découvrir, où passer du temps, où revenir…
Et puis autre chose : la médiathèque est bilingue. Elle s'appelle "Mediaoueg François-Miterrand-Ar Gapusined" en breton : c'est écrit sur la porte d'entrée. Le fléchage, les inscriptions sur les rayonnages sont en breton et en français : quand l'une des langues s'affiche en gros caractères, l'autre au-dessus l'est en plus petit. Il n'y a que l'automate qui n'est pas encore bilingue.
Trois des bibliothécaires connaissent le breton. Lors de ma visite, j'ai croisé Efflam et Pascale sur place. J'ai pu joindre Klervi au téléphone : elle travaille davantage dans les réserves. Sur Arvorig FM, elle expliquait il y a quelques jours que 500 titres en breton pour adultes sont accessibles en salle, sans parler des livres pour enfants et des BD pour les jeunes. Il sera intéressant de voir d'ici quelques mois comment vivra le fonds dans ce nouveau dispositif.
Les bretonnants des Capucins avaient travaillé en amont sur la terminologie. L'Office public de la langue bretonne a prescrit des corrections. Il y a eu des discussions avant validation. Si des termes comme "mor" [mer] ou "c'hoariou" [jeux] vont de soi, j'ai découvert "sinema" (ce qui m'a paru innovant par rapport à ce que proposent habituellement les dictionnaires et que je n'ai pas besoin de traduire) alors que l'auditorium (en français comme en anglais) devient "selaouva" en breton. Par contre l'espace "6-tonnes" a une dénomination invariable dans les trois langues. Il faut absolument aller sur place pour découvrir ce qu'elle représente : c'est une démarche singulière et une belle histoire.
J'oubliais : le téléphérique aussi parle (un peu) breton ! Écoutez voir.