Portrait d'un vannetais actif
Christian Le Meut vient de m'informer de la sortie du n° 72 du périodique "An dasson" (L'écho) qui se présente comme la revue bilingue du pays d'Auray et que publie le cercle Sten Kidna, du nom d'un écrivain vannetais disparu. Ce numéro 72 est consacré à la commune de Locmariaquer.
Et je me rends compte que je n'ai rien dit du précédent, qui donnait carte blanche à Patrig Dréan. Ce jeune homme a déjà une vraie notoriété en pays vannetais. Il est chanteur et musicien, anime des veillées, tient un blog, écrit des nouvelles et des haïkus, ainsi que des textes courts sur la nature. Il ne manque ni d'humour ni de bon sens : sur son blog, il conseille de rendre aussi visite à tout ce qui n'est pas précédé de http ou de www, à savoir la nature, les gens et les livres.
Il a commencé à étudier le breton après le bac, à l'âge de 18 ans. Il a appris le vannetais auprès d'une bretonnante de Brec'h. Puis il a travaillé trois ans pour le compte de l'association "Spered ar yezh" (Le génie de la langue) : "mon travail consistait à collecter des tournures, des dictons, des métaphores." Tous n'avaient pas la même motivation pour fréquenter ces rendez-vous de collectage : certains appréciaient tout simplement de se retrouver pour parler breton, quand d'autres avaient perçu l'intérêt de transmettre leurs connaissances aux jeunes.
Patrick Dréan s'est rendu compte des différences de comportement des uns et des autres par rapport à la langue. Si on parle encore breton au quotidien du côté de Pluvigner, ce n'est plus le cas sur le littoral : "beaucoup sont fatalistes." Il avoue être "un peu inquiet" quand il voit l'état du breton aujourd'hui et il n’est pas certain, dit-il, que les gens aient très envie de l'apprendre. Mais il garde espoir et aimerait inciter ceux qui suivent des stages de longue durée à aller à la rencontre des locuteurs : "trop de personnes se contentent d'un breton approximatif." Comme beaucoup aujourd'hui, lui qui s'intéresse à tout ce qui est nature, fait un parallèle entre biodiversité et diversité linguistique : "ce qui est vivant aujourd’hui, affirme-t-il avec conviction, on se doit de le maintenir en vie pour demain."
Il n'est sûrement pas trop tard pour faire la connaissance de Patrick Dréan avec ce numéro de "An dasson". La plupart des articles sont publiés avec une traduction française en regard. La revue qui ne tire qu'à 150 exemplaires mériterait d'être mieux diffusée. A propos de "tirage", je me demande si le terme "tenna" (qu'un imprimeur brestois utilise aussi) est réellement approprié en ce sens en breton. Puisqu'il s'agit d'impression, je serais plutôt tenté d'utiliser "mollein" comme Meriadeg Herrieu dans son dictionnaire vannetais.
An dasson, 6, rue Joseph Rollo, 56400 Auray. Tél : 02 97 29 16 58. Contact mail.
Le blog de Patrick Dréan : http://kelionenn.blogs.letelegramme.com/