Tréguier dans La Croix
Vous ne lisez jamais La Croix ? Si c’est l’actualité chaude qui vous intéresse, il faut bien dire que le quotidien catholique fait comme s'il n'y en avait pas du tout ce samedi – il est vrai qu'on est le week-end du 15 août. La une donne donc le ton : "Ils prient avec Marie" - on est le 15 août, vous dis-je. Et comme bien d'autres journaux, La Croix nous propose une série d’été intitulée "un saint, un lieu" et dont le 5e numéro nous invite à Tréguier sur les pas de Saint-Yves, en détaillant tout ce qui fait sa renommée dans le Trégor et jusqu'à Rome.
Le dossier, 7 pages en tout, a été préparé et rédigé par Pierre-Yves Le Priol, un Breton qui sait s'intéresser à l'histoire de sa région. Il présente Saint Yves (1253-1303) comme juge ecclésiastique qu'il a été, l'ami des pauvres et un modèle de prêtre : c'est, dit-il, un François d'Assise breton. P.Y. Le Priol présente le grand pardon de Saint-Yves et nous fait faire le tour de la cathédrale de Tréguier, sans oublier de faire allusion à Ernest Renan et aux polémiques qui ont entouré l'érection de sa statue sur la place de la cathédrale en 1903.
Saint Yves est non seulement le patron de la Bretagne, mais aussi celui des avocats. Un colloque réunit chaque année au mois de mai des juristes venus de toute la France et d'autres pays d'Europe : un projet de fondation internationale sur le thème de la justice est en cours d'élaboration, mais il faudrait pour qu'il aboutisse réhabiliter l'ancien couvent des Augustines.
A noter quelques mots de breton dans ce dossier, et une idée de balade vers les chaos du Gouët : avis aux amateurs de pêche à la truite.
Yves Coppens, son prénom et ses patronymes : en prime dans La Croix, le témoignage très fort de l'un des plus célèbres paléontologues du monde sur son prénom : Yves Coppens déclare vivre "confortablement" avec cet Yves "un peu sec", et il ajoute avoir "découvert que beaucoup [de ses pairs] avaient un prénom usuel différent ce celui de leur état-civil. L'idée ne m'en serait jamais venue, dit-il." Mais Yves Coppens est peut-être subjectif quand il considère le patronyme de sa mère, Dagorne, comme "typique du pays vannetais" : s'il est exact qu'entre 1891 et 1915 on trouve quelques "Dagorne" de plus dans le Morbihan qu'en Côtes-du-Nord (actuelles Côtes d'Armor), on trouve aux mêmes dates bien plus de "Dagorn" en Finistère qu'ailleurs. Or, les deux noms sont équivalents : Albert Deshayes, dans son Dictionnaire des noms de famille bretons, considère "Dagorn" comme la forme bretonnisée de "Dagorne", qui en vieux français, servait à désigner "une vache à laquelle il manquait une corne." Quant à "Coppens", c'est un nom effectivement beaucoup plus porté dans le Nord que dans le Morbihan. Mais son père, dit Yves Coppens avec fierté, se sentait Breton de cœur. Et lui aussi, je crois.
La Croix, n° 38740, 14-15 août 2010. Le dossier est accessible sur le site du journal : www.la-croix.com
Un site sur les noms de famille : http://www.geopatronyme.com/