Le Léonard Mikael Madeg primé par… des Vannetais
Parmi les écrivains bretons d'aujourd'hui, il n'y a pas plus Léonard que Mikael Madeg. Le Léon est son territoire, son terrain de recherche et son inspiration : en témoigne un ouvrage de plus de 600 pages au titre symptomatique, "Bro Leon ennon" [Le Léon en moi], paru en 1999.
M.M. – puisqu'on ne peut que le désigner par ses initiales, il n'y en a pas d'autre - est sans aucun doute l'auteur de langue bretonne le plus prolifique du moment, mais il écrit aussi en français. Il a bien plus d'une centaine de titres à son actif, et les éditions Emgleo Breiz à elles seules en ont publié une bonne soixantaine. Il est actuellement son propre éditeur, sous le label "Embann Keredol" [Les éditions Keredol, d'après un lieu-dit en Saint-Thonan].
Il aborde tous les sujets et tous les genres. Il a mené des recherches sur la toponymie et l'anthroponymie léonardes, sur les surnoms (dans toute la Bretagne, en Normandie et en Écosse), sur les fontaines… Il a produit des ouvrages pour mieux apprendre le breton du Léon. Avec le concours de Pierre Pondaven et de Yann Riou, il a assuré un inventaire minutieux de la topoymie nautique des côtes du Léon, de la baie de Morlaix à Landerneau qui a donné lieu à la publication de pas moins de quatorze volumes. Ce travail leur avait valu de recevoir un prix spécial lors des Priziou, il y a plusieurs années.
Mais alors qu'il a publié quantité de romans et de recueils de nouvelles, M.M. n'avait jamais été distingué, à ma connaissance, pour son œuvre de fiction. C'est fait désormais, puisque l'association Kerlenn Sten Kidna d'Auray vient de lui décerner son prix annuel pour un roman paru il y a près de deux ans, "Dispac'h" [Révolution], auto-édité. D'un montant de 700 €, ce prix se veut un soutien à l'écriture et à l'édition en langue bretonne.
Dans ce roman de plus de 600 pages également, Mikael Madeg conte les aventures d'un jeune Landernéen qui migre aux États-Unis à la fin du XVIIIe siècle, au moment de la guerre d'indépendance. Prisonnier d'une tribu amérindienne, il réussit à s'enfuir et revient en Bretagne prendre part à la Révolution, puis à la chouannerie.
Le cercle Sten Kidna a par ailleurs décerné un prix spécial à Daniel Carré, pour honorer son implication en faveur du breton vannetais. Engagé pour l'enseignement du breton du temps où il était en activité, il a consacré sa thèse au journal de guerre – de la Première Guerre mondiale – de Loeiz Herrieu, "Kammdro an Ankou", dont il a récemment publié une traduction française sous le titre "Le tournant de la mort". On peut écouter les chroniques de Daniel Carré toutes les semaines sur Radio Bro-Gwened.