Un 31 janvier à Plogoff : à la une de la revue ArMen
C'est en juin 1976 que débute la résistance de Plogoff à l'égard du projet de centrale nucléaire qu'EDF envisage d'y implanter. Le combat va se poursuivre cinq ans, jusqu'à ce que le nouveau Président de la République élu en 1981, François Mitterrand, décide de l'abandonner. La lutte s'était radicalisée quelques mois auparavant, le jour du démarrage de l'enquête d'utilité publique, le 31 janvier 1980. C'est cet anniversaire que la revue ArMen a choisi de célébrer trente ans après, dans son numéro de janvier-février.
Le traitement pour lequel a opté Gilles Simon est original. Il ne raconte pas une nouvelle fois les événements. Il ne célèbre pas la geste bien connue des Plogoff contre les CRS. Il a choisi d'analyser et d'expliquer comment les sacrifices intenses qui avaient été consentis par les anti-nucléaires du Cap-Sizun ont eu un impact décisif et parfois douloureux à la fois sur leur vie privée et sur leur vie professionnelle : "souvent âgés de moins de trente ans, [ils] ont eu du mal à rattraper le fil d'une vie normale après 1981".
Gilles Simon décrypte les souvenirs "impérissables" que la lutte de Plogoff a laissés dans la mémoire de ceux qui y ont participé. Il poursuit sa réflexion sur ses prolongements : alors que les promoteurs de l'atome civil n'ont, dit-il, "jamais véritablement digéré leur défaite de 1981", les Plogoffites sont allés un peu partout transmettre leur "savoir-faire anti-nucléaire". Mais ils n'ont jamais percé dans le champ politique : l'ont-ils d'ailleurs réellement cherché ?
G. Simon prend plutôt le parti d'une "prégnance" de Plogoff dans la mémoire sociale de la Bretagne. Après cet article trop court, on attend avec intérêt le livre qu'il doit faire paraître prochainement sur le même sujet aux Presses Universitaires de Rennes. Je ne sais s'il étudie dans ce livre le traitement de Plogoff par les médias de l'époque, et en particulier par la télévision régionale. Il y fait juste allusion dans l'article.
L'autre langue de Bretagne
On parle de plus en plus du gallo. Je sais que Stummdi a ouvert une formation longue pour apprendre le gallo en quelques mois, que d'autres organisations pourtant implantées en Haute-Bretagne ne voulaient, paraît-il, pas organiser. Je connais le 52' que Roland Michon a réalisé pour TV Rennes sous le titre "Lettres à un gallésant" et dans lequel Henriette Walter explique que le gallo est en quelque sorte "pris en étau" entre le breton et le français. J'ai entendu plusieurs fois Matao Rollo évoquer l'intérêt soulevé par ses émissions de radio en gallo sur Plum'FM.
L'article de Jean-Pierre Angoujard et Pierre Obrée dans ArMen présente un historique du parler gallo ainsi que de la perception dont il est l'objet, et décrit aussi les défis du renouveau. Christine Trochu, professeur de gallo dans l'Académie de Rennes, est convaincue de l'avenir de cette langue dont elle souligne qu'elle "est encore beaucoup parlée en zone rurale". La population locutrice estimée serait de 200 000 personnes, soit autant que de bretonnants. Le gallo paraît en tout cas rechercher une nouvelle visibilité.
Près d'un an après sa parution, ArMen publie aussi une recension de mon livre "Parler breton au XXIe siècle". Gérard Cornillet le présente comme "une analyse précise, personnelle et perspicace" et comme apportant "des réponses claires aux questions que tous ceux qui s'intéressent à la langue, qui l'utilisent, ne cessent de se poser". L'essentiel est dit.
Contact ArMen : 02 98 27 37 66. Sie : www.armen.net