Rififi régional
Mine de rien, les élections régionales ont une réelle importance. Il fut un temps où les régions n'existaient pas. Puis il y eut un temps où on n'y était pas élu au suffrage universel. C'est désormais le cas, en attendant que le mode d'élection des conseillers régionaux soit changé (ce qui ne saurait tarder). Pour les élections de mars prochain, c'est assez étonnant, mais il y a du rififi un peu partout. Et en Bretagne, il y a du "reuz" (ce qui est à peu près la même chose).
La Bretagne est en effet la seule région où l'UMP ne parvient pas à choisir sa tête de liste. Au départ, seul Jacques Le Guen (député du Finistère) était candidat : les adhérents ont voté pour lui. Puis Bernadette Malgorn (l'ancienne Préfète de Région) a fait son apparition : les cadres et les parlementaires de la majorité (présidentielle) l'ont plébiscitée. Le problème, c'est que les instances nationales de l'UMP ne parviennent pas à choisir entre l'une et l'autre.
Du coup, c'est le Président de la République en personne qui va trancher. Vous vous rendez compte ? C'est Nicolas Sarkozy lui-même qui s'occupe de la désignation de la tête de liste UMP pour les prochaines régionales en Bretagne. L'enjeu breton a bien l'air d'être déterminant.
Mais le Président va se trouver face à un vrai dilemme. Comme il a déjà dit à Jacques Le Guen il y a quelques semaines que ce serait lui le candidat, il risque de se contredire s'il choisit maintenant Bernadette Malgorn. Si, à l'inverse, il confirme Jacques Le Guen, c'est sa majorité parlementaire qu'il va contredire. Pas facile…
En ces temps de débat sur l'identité nationale, il y a peut-être un critère à prendre en compte : ne serait-ce qu'un tout petit élément d'identité régionale. C'est sûr, Bernadette Malgorn peut chanter le Bro goz ma zadou : elle l'a fait le jour de son départ de la Préfecture de région. Jacques le Guen, je ne sais pas. Suivant l'importance qu'on accorde ou non à ce critère…
Du côté du PS, aucun souci pour ce qui est de la tête de liste régionale : Jean-Yves Le Drian se représente. Chaque département a élaboré sa liste de candidats, que les adhérents doivent maintenant approuver. Mais dans le Finistère, ça coince : les instances n'ont pas retenu la candidature à la candidature de plusieurs sortants. Dont celle de Jean-Pierre Thomin, président de la commission culturelle de l'actuel Conseil régional. Ça fait du bruit dans Landerneau, et même un peu plus loin.
Car Jean-Pierre Thomin était aussi en charge depuis cinq ans de la politique linguistique en Bretagne. C'est lui qui avait fait adopter un plan à cet effet par le Conseil régional, ce qui se fit à l'unanimité. Que signifie donc son éviction ? Est-ce un désaveu ? De l'indifférence ? À moins que ce soit une inflexion dans l'approche de la question de la langue bretonne par le PS ? Mais cela se passe au moment où le député UMP Marc Le Fur repart à la bataille pour l'adoption d'une loi en faveur des langues régionales…
Dans les milieux culturels bretons, en tout cas, l'information n'est pas passée inaperçue. Elle suscite au minimum des interrogations, pour ne pas dire une réelle inquiétude. Jean-Yves Le Drian était jusqu'à présent plutôt en pointe sur ces questions et paraissait tout à fait en phase avec J.P. Thomin sur le dossier. De la manière dont il va gérer l'affaire…