Les langues européennes
Il faut se faufiler entre les annonces légales et les obsèques. C'est là, au milieu de nulle part, que Ouest-France consacre quelques colonnes au courrier des lecteurs. C'est là aussi que paraissent des points de vue qui n'ont pas trouvé place à la une. Ainsi, ce 22 mai, celui de Olga Cosmidou, sur les langues européennes. Je me demande s'il n'est pas un peu… "langue de bois", mais il a l'intérêt de rappeler quelques fondamentaux.
Aujourd'hui, il y a 23 langues officielles en Europe. Au Parlement européen, tous les débats sont interprétés dans toutes ces langues officielles : cela donne 506 combinaisons possibles. De ce fait, il est devenu "le premier recruteur d'interprètes au monde". Olga Cosmidou s'offusque, à juste titre, quand elle entend dire que le Parlement Européen serait une tour de Babel. Dans cette fameuse tour, personne ne comprenait les autres. Le Parlement européen, pour elle, c'est plutôt une arche de Noé : grâce à la traduction, "toutes les langues européennes [y] ont leur place".
Olga Cosmidou, qui est Directeur général de l'interprétation et des conférences au Parlement européen, fait remarquer que cela a évidemment un coût qu'elle-même juge "faramineux": 2,20 € par citoyen et par an. Mais, dit-elle, ce n'est que le prix d'un café. Histoire d'avoir un repère : c'est 50 fois moins que la PAC. La fameuse Politique Agricole Commune coûte 2 € par citoyen et par semaine : c'est donc le prix d'un café par semaine. Les enjeux ne sont pas les mêmes. Mais c'est le prix de la démocratie : au Parlement, aucun député ne doit être désavantagé en raison de sa langue.
Comment cela se passe-t-il concrètement à Strasbourg ou à Bruxelles ? "Tout texte législatif écrit dans une langue officielle doit être traduit dans les 22 autres langues et tout débat doit être interprété dans toutes les langues officielles". OK. Et c’est pour ça que je me demandais si ce point de vue n’était pas un peu “langue de bois”. Car il n’aborde ni la question des enjeux, ni celle des politiques linguistiques. Si je suis bien informé, l'usage de l'anglais ne cesse de s'étendre et tend à devenir prédominant. Et on ne parle pas là des langues régionales, minoritaires et autres, que parlent aussi plusieurs millions d'Européens. Celles-ci ne sont pas langues d'usage dans les institutions européennes. Cependant le Parlement a plusieurs fois délibéré à leur sujet.