Mai 68 en Finistère
Pierre Maille, le Président du Conseil Général du Finistère, ne fait pas les choses comme tout le monde. Il a attendu la fin de l'année 2008 pour fêter le 40e anniversaire de… Mai 68, et ce n'est pas plus mal. Le but n'était pas de commémorer l'événement en tant que tel, mais de l'évoquer en tant que "porteur de remises en cause". Il s'agissait donc de voir comment mai 68 a été vécu localement à la pointe de Bretagne, mais en même temps de susciter un débat sur 40 ans d'évolutions qui ont fait depuis bouger la société bretonne dans tous les domaines.
L'intitulé de l'opération reflète assez bien ce qui s'est passé : "Mai… sage d'avenir en Finistère". Elle va se dérouler en onze rencontres d'ici la fin janvier et en trois déclinaisons : un documentaire, une création théâtrale et une exposition. La première soirée a eu lieu jeudi 4 décembre, à la Maison pour tous de Penhars, à Quimper.
La pièce de théâtre est interprétée par la compagnie Derezo, sur la base d'un texte de Laurent Quinton. L'auteur joue astucieusement sur les décalages induits par le fait que chacun ne vit un événement, quelle qu'en soit l'ampleur, que par bribes. Il confronte deux étudiantes d'origine léonarde et rurale à un autre étudiant rennais, un "fils d'ouvrier" convaincu de l'imminence de la révolution qui changera tout. Quelques clins d'œil, l'utilisation en direct de la vidéo animent les échanges des trois comédiens (Véronique Heliès, Lisa Lacombe, Lionel Jaffres, mise en scène de Charlie Windelschmidt).
L'exposition propose 10 panneaux de textes et d'images sur 40 ans de mutations à la pointe de Bretagne. Il est question d'agriculture, de désenclavement, de la diminution du nombre des prêtres… Mais la pêche et la culture sont oubliés.
Le film fait appel à 13 témoins qui ont vécu la période de mai 68 en Finistère ou ailleurs. Il est signé de Claude Nicot, ancien professeur d'histoire-géographie à Quimper : c'est son premier film. Mais ce 52' extrêmement dense n'est basé que sur le témoignage des personnes interviewées intervenant en rafale : pas d'images d'archives, peu d'images récentes, un peu de banc-titre et c'est tout. Le concours d'un réalisateur de métier aurait sans doute été utile : il manque des respirations, et on aurait en même temps aimé plus de punch.
Ceci étant, le questionnement est pertinent. Le film se découpe en deux grandes parties : l'une présente le contexte de mai 68 en Finistère, l'autre traite des changements qui y sont intervenus depuis. Henri Didou raconte ce qui s'est passé dans le monde ouvrier et Pierre Le Hir parle du monde agricole. Claude Michel et Anne Guillou décrivent les attentes et les aspirations des femmes. Pour ma part, j'ai fourni quelques indications sur l'ambiance de mai 68 à la fac de Brest, ainsi que sur l'évolution de la pratique sociale du breton depuis la dernière guerre.
"L'évocation citoyenne" de mai 68 en Finistère est prévue à : Carantec (11 décembre), Brest (12 décembre), Saint-Rivoal (14 décembre), Saint-Renan (14 janvier 2009), Esquibien (17 janvier), Morlaix (20 janvier), Pont-L'Abbé (21 janvier), Plougonvelin (22 janvier), Scaër (23 janvier) et Carhaix (29 janvier).
Contact : jean-emmanuel.bouley@cg29