Hommage à l’écrivain Yann-Vadezour Lagadeg
Originaire de Brignogan, où il était né en 1932, celui qui se fera appeler plus tard Yann-Vadezour Lagadeg, est décédé à l’âge de 90 ans ce 23 décembre. Sa première langue, comme pour la plupart à cette époque, a été le breton et c’est à l’école qu’il a appris le français. Il travaille d’abord comme aide familial à la ferme avant de migrer à Paris, où il s’engage une dizaine d’années dans la police, préférant travailler ensuite dans le maraîchage. Comme beaucoup, c’est en région parisienne qu’il prend conscience de sa qualité de Breton. De retour en Bretagne, il s’installe avec sa femme Anne à Guipavas. En 1989, ils auront la douleur de perdre leur fille Madeleine, partie en tant qu’infirmière au Salvador, assassinée par des paramilitaires.
Lorsqu’il prend sa retraite, Yann-Vadezour Lagadeg s’investit de mille façons pour diverses actions de valorisation du breton et de la culture bretonne et il le fera pendant plus de 40 ans. À Guipavas, il prend part à la création de l’association "War roudou ar Gelted" (Sur la trace des Celtes), qui organise cours de breton et animations. Conteur de talent tant devant les publics jeunes que pour les adultes, il est aussi chanteur de fest-noz, où il contribue à la relance de la fameuse dañs-round (la danse ronde) du pays pagan. Il aura été un grand transmetteur de la culture orale.
Acteur passionné de l’expression culturelle bretonne
Dans les années 1980, Yann-Vadezour et sa femme rejoignent la troupe de théâtre Ar Vro Bagan, dont il est l’un des comédiens les plus emblématiques, jouant des rôles de premier plan dans toutes les créations. Ce fut le cas notamment dans la pièce "Ar mestr" [Le maître] de Naig Rozmor, qui racontait l’histoire véridique d’une famille de petits paysans léonards expulsés de leur ferme par le prêtre qui en était le propriétaire et qui fut un considérable succès populaire.
À l’instigation de Naig Rozmor précisément, il devient écrivain à son tour et publie quatre ouvrages aux éditions Emgleo Breiz et une trentaine d’articles dans la revue en langue bretonne Brud Nevez. Son premier roman, "Ar vastardez" [La batarde] avait été remarqué en raison de l’excellence du breton dans lequel il s’exprimait, en raison aussi de l’originalité du sujet qu’il abordait : l’histoire authentique et tragique d’une mère célibataire et de sa fille en plein pays léonard. Dans un autre de ses livres, "Dalh soñj ez out den" [Souviens-toi que tu es aussi un être humain], il exprime avec force ses convictions humanistes.
Adepte du breton populaire, engagé quand il le fallait, il aura été un acteur passionné de l’expression culturelle bretonne de ces quarante dernières années.
Ses obsèques ont été célébrées mercredi dernier dans l’église de Guipavas devant une assistance de plus de 300 personnes.
Remerciements à la famille pour la photo. DR
- Eun den feal eo bet Yann-Vadezour Lagadeg. Feal d'e yez kenta, ar brezoneg, goude ma oa bet e-pad bloaveziou o labourad e Pariz. Pa oa bet deuet war e leve, e-neus bet 45 bloaz da veva e Gwipavaz gand e wreg Anne, e-touez e dud hag e vignoned. Bloaveziou a zo bet kriz a-wechou, p'eo-bet lahet o merh Madalen e bro ar Salvador gand peuz-soudarded. Gras e-neus kavet avad oh ober traou e-leiz evid ar brezoneg.
- Komedian eo bet, forzig. Kelenner eo bet gand "Roudou ar Gelted" e Gwiapavas. Marvailler eo bet, ken e lavare Naig Rozmor he-devoa bet plijadur atao o selaou anezañ o konta eñvorennou e yaouankiz e Bro Bagan. Hi eo he-doa aliet anezañ da skriva.
- Sed eo bet skrivagner ive. A beb seurt e-neus skrivet, eñvorennou a-dra-zur, ha gwir romanchou ha danevellou ouspenn, skridou-buhez ive. Pevar leor e-neus embannet e ti Emgleo Breiz, hag eun tregont bennag a bennadou all e Brud Nevez.
- E romant kenta "Ar vastardez", ma kont ennañ eun istor gwirion bet c'hoarvezet e bro-Leon, e-neus greet berz. Gwella perz ar romant, hervez Francis Favereau, eo ar yez, mil bell deuz ar brezoneg paper ha chimik. Med n'eus lenner ebed a vefe bet dizeblant e-keñver istor eur vamm heh-unan hag he merh.
- Merket don eo bet ive Yann-Vadezour a-hend-all gand brezel an Aljeri, sed e-neus skrivet eul leor all, "Dalh soñj ez out den !". An den a oa ar pez a gonte ar muia evitañ. Setu derhel soñj a raim-ni deuz an den a galon eo bet, hag e neus kemeret eur perz braz e buhez sevenadurel bro-Leon e-pad daou-ugent vloaz.
- En tu all da 300 a dud a zo bet o heulia e interamant dimerher diweza en iliz Gwipavaz.