Et il ajoute que "la vérité est devenue ce que l’on a envie qu’elle soit. C’est-à-dire une contre-vérité." Michel Urvoy s’exprime ce samedi dans Ouest-France dans le cadre d’une réflexion qui s’apparente à un éditorial, si ce n’est qu’elle ne paraît pas en première page, mais vers la fin du journal. J’ai cherché à quel numéro de page, mais, bizarrement, seules les 9 premières sont numérotées. Je ne vois pas d’autre moyen de vous indiquer la pagination que de vous signaler qu’elle se trouve à six pages de la fin. 

La méconnaissance en trois citations

J’en reviens au fond de la réflexion de Michel Urvoas, avec les trois citations suivantes :

• "Moins on comprend le monde, écrit-il, plus on a de certitudes. L’humain veut montrer qu’il sait. Je pense, donc je suis."

• "Il y d’abord l’usage amateur des canaux de l’information. Le lecteur pressé confond information et communication ; vérité et instrumentalisation. Il néglige la source, la date, l’authenticité de l’image, la pertinence du chiffre, le contexte du propos tenu…"

• "C’est un comble : plus il y a d’informations disponibles, plus la lecture du monde se brouille…"

Venant de la part d’un homme de bon sens, tout cela me paraît de bon sens. Si j’applique cette grille de lecture à des thématiques que je crois assez bien connaître, à savoir la Bretagne et la langue bretonne, leur histoire, leur situation présente et leur devenir, j’ai de temps à autre comme l’impression que le constat de Michel Urvoy sonne juste.

Le risque de l'addiction

Tout cela, explique-t-il, tient aux algorithmes qui "sélectionnent les sujets et les approches que [notre] cerveau a envie d’entendre" et suscite dans notre esprit "une addiction". Cela tient en même temps "à la surabondance de données […] On trouvera toujours "la réponse qui conforte ce que l’on pense". Ce n’est pas faux.

Michel Urvoy avance une explication : c’est "le terreau qu’adorent les populistes et autres marchands d’illusions". Il énonce des solutions que je vous laisse découvrir à la lecture stimulante de sa réflexion. Mais qui aurait intérêt à modifier ces fameux algorithmes s’ils lui sont bénéfiques ? Qui, ayant conscience ou pas d’ailleurs, d’écrire des contre-vérités, aurait intérêt à ne pas persévérer à partir du moment où il en retire une audience, un revenu, de la considération, voire de l’adhésion ? Tout le monde n’a pas la même perception de l’aporie ou des affirmations qui pourraient être contraires à la vérité. That is the question.

Pour en savoir plus :

• Michel Urvoy. Une société où la méconnaissance galope. Ouest-France, 15 octobre 2022. Lecture en ligne : ici.