Les pratiques culturelles et le pays de Quimperlé au menu du congrès de la SHAB
Le sigle n'est pas forcément connu du grand public, mais tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de la Bretagne savent normalement que la SHAB c'est la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne. Il faut savoir que cette société, qui fêtera son 100e anniversaire en 2020, joue (avec les autres sociétés savantes de la région, ainsi qu'avec la Fédération des sociétés historiques de Bretagne) un rôle un peu méconnu par les temps qui courent, mais irremplaçable pour la connaissance et la diffusion de cette histoire. Et c'est un rite : tous les ans, à cette même période, les historiens bretons se retrouvent en congrès dans une ville de la région, à tour de rôle dans chacun des cinq départements.
Le congrès de Monfort-sur-Meu
L'an dernier, c'est Monfort-sur-Meu, en Ille-et-Vilaine, qui avait accueilli le Congrès à quelques kilomètres de Rennes (photo ci-dessus). Il y fut donc question du pays de Monfort. Une bonne douzaine de communications y avait été présentée sur différents sujets, par exemple :
- La formation de la petite ville de Monfort du XIe au XIIIe siècle
- Le prédicateur Louis-Marie Grignon de Monfort (J. Bachelier)
- Théodore Botrel, en tant que propagateur d'une certaine idée de la Bretagne, et le pardon des Fleurs de pommiers à S-Méen (J.-F. Botrel)
- La commune de Bédée pendant la Grande Guerre (Y. Lagadec et C. Sachet)
- L'imaginaire arthurien et la forêt de Bocéliande (D. Hue)
- La topographie légendaire de Brocéliande (M. Calvez).
D'autres communications ont traité de la thématique de la forêt en Bretagne, notamment celle de J.-C. Meuret sur la chasse et la forêt au Moyen-Âge ou celle d'I. Guégan sur les arbres de la discorde dans le contexte du domaine congéable au XVIIIe siècle.
L'ensemble des contributions se retrouve dans un fort volume de 750 pages (incluant le compte-rendu détaillé d'une trentaine de livres d'histoire parus au cours de l'année).
Une innovation cette année : pour la première fois, les articles concernant Monfort-sur-Meu ont été réunis en un ouvrage spécifique (d'ores et déjà épuisé), dans le but de mieux retenir l'attention des lecteurs concernés.
Le Congrès 2016 à Quimperlé
Le président de la SHAB, Bruno Isbled, et l'équipe de près d'une cinquantaine de personnes qui l'entoure ont mis au point le programme du congrès qui va se dérouler à Quimperlé, dans le sud-Finistère, sur trois jours : de jeudi prochain 1er septembre à samedi 3. Deux thématiques vont le rythmer comme d'habitude : l'une est locale et l'autre plus générale.
En lien avec Patrick Galliou, le président de la Société archéologique du Finistère, j'avais proposé il y a un an que cette dernière s'intéresse aux pratiques culturelles, qui font l'objet de multiples investigations depuis quelque temps dans le domaine des recherches historiques. Une dizaine de communications va effectivement être présentée dans ce cadre, notamment :
- La Ronde du papier timbré (M. Nassiet)
- Les chants du nationalisme breton des années 1950 aux annes 1940 (S. Carney)
- Les sociabilités chantantes en Bretagne revivaliste au XXe siècle (F. Gasnault)
- Culure de la violence et culture politique lors de la journée des Bricoles à Rennes en 1789
- Livres et lectures chez les femmes de la noblesse bretonne à la fin du Moyen-Âge (M. Lémeillat)
- Les emprunts ornementaux dans l'Armorique de la fin de l'âge du Fer (P. Galliou).
Concernant le pays de Quimperlé, seront abordés les sujets suivants et quelques autres :
- Les élites dans la ville aux XVIe et XVIIe siècles (P. Jarnoux)
- Le marché de la terre dans la paysannerie de Quimperlé au XVIIIe siècle (I. Guégan)
- L'itinéraire politique d'un aristocrate breton agronome (A. Pennec)
- Une approche écohistorique sur les saumons de Quimperlé en tant que patrimoine en voie de disparition (P. Martin)
- Le Front populaire à Quimperlé (J.-P. Sénéchal)
- L'onomastique bretonne (J.-Y. Plourin, en photo à droite, en compagnie de P. Hollocou, tous deux auteurs d'un 5e ouvrage de toponymie, cheminant cette fois des sources de l'Ellé à l'Île de Groix).
La conférence publique
La date limite d'inscription pour assister au congrès est passée, mais je ne pense pas que qui que ce soit se fera refouler. De toute façon, la conférence publique de jeudi, à 18 heures, est ouverte à tous. Elle sera assurée par deux femmes de notoriété et connaissant bien leur sujet, qui devraient en outre l'illustrer de vive voix : Eva Guillorel, enseignante et chercheure à l'université de Caen, et Marthe Vassallo, interprète multiple. Le thème de leur intervention fait quelque part écho à l'actualité et à des débats du temps présent :
- Femmes victimes, femmes coupables ? La société bretonne d'Ancien Régime au prisme des complaintes de tradition orale (gwerziou).
Les séances se dérouleront au cinéma La Bobine.
Une encyclopédie de la Bretagne
Pour en savoir plus : le programme complet du congrès se trouve sur le site de la SHAB, http://www.shabretagne.com
Pour se procurer les actes des congrès (mais celui de Monfort-sur-Meu, daté 2016 n'est cependant pas encore annoncé sur le site), ainsi que pour parcourir la liste des ouvrages – incontournables – publiés par la SHAB ou avec son concours, voir également le site. Il s'agit de travaux historiques, mais aussi de mise à disposition des sources inédites ou actualisées de l'histoire de Bretagne, tels que le cartulaire de Landévennec ou les actes des Ducs de Bretagne. Si la SHAB ne le faisait, qui donc le ferait ?
Autre information utile pour les étudiants, enseignants et chercheurs : la SHAB a entrepris la numérisation des mémoires qu'elle a publiés depuis 1920. Comme les tables peuvent être téléchargées en pdf, il est très facile ensuite de localiser le ou les articles auxquels on voudrait accéder. Il serait dommage de s'en priver. Les mémoires de la SHAB sont une forme d'encyclopédie de l'histoire de la Bretagne.