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Le blog "langue-bretonne.org"
12 décembre 2014

Quand il était interdit de parler le breton à l'école…

UTL conférence symbole-3

Près de 500 personnes ont assisté hier après-midi à la conférence que j'ai donnée devant les membres de l'UTL de Brest (Université du temps libre), dans l'une des salles du multiplexe Liberté. D'après les responsables de l'association, c'est plus que d'habitude. 

Ce sont Anne Le Bris-Quiniou, la présidente, et Maryvonne Le Meur, chargée des conférences, qui m'avaient proposé avant l'été de traiter ce sujet. De fait, plusieurs participants m'ont indiqué qu'ils ne le connaissaient pas et n'avaient jamais entendu parler du symbole. Quand j'ai demandé à mes auditeurs s'ils savaient le breton, seuls une vingtaine de personnes ont levé la main. Quand je leur ai demandé s'il leur avait été interdit de parler le breton à l'école, il n'y a eu que trois ou quatre à le faire.

Au cours de la discussion, Mme Félicie Le Meur, très alerte, a témoigné de son vécu : elle née à Plouguiel et parle très bien le breton du Trégor, mais elle n'a pas connu l'interdiction du breton à l'école. Par contre, son mari, qui était originaire du Cloître-Pleyben, a eu le symbole. La salle l'a applaudie lorsqu'elle a indiqué son âge : 94 ans ! Comme elle vient d'arriver de Paimpol à Brest, c'est la première fois qu'elle assistait à une conférence de l'UTL brestoise.

Symboles Musée Trégarvan 2

Résumé de la conférence

Voici les thèmes que j'ai abordés au cours de mon intervention, que j'ai présentée à l'aide d'un diaporama.

Pour la première fois, le nombre d'élèves scolarisés dans les écoles bilingues a dépassé le cap des 20 000 inscrits lors de la dernière rentrée : ils font donc leurs études à la fois en français et en breton. Il n'en a pas été toujours ainsi. Au XIXe siècle et jusqu'au milieu du XXe, il était généralement interdit de parler le breton à l'école. Ceux qui le faisaient se voyaient parfois attribuer  le symbole – un objet en forme de sabot – et étaient punis à la fin de la journée. Ces pratiques d'un autre temps n'ont pas concerné tous les écoliers, mais elles sont attestées en Basse-Bretagne à partir des années 1830, et ailleurs : dans les pays occitans, au Pays basque, en Alsace…

Cette conférence fait le point sur une histoire mal connue et qui a suscité pas mal de débats et de polémiques : l'interdit de la langue première (autrement dit, la langue maternelle) à l'école. On peut aujourd'hui analyser l'ampleur d'un phénomène dont le lieu stratégique a été la cour de récréation bien plus que la classe. On peut aussi inventorier les objets symboliques qui ont été utilisés et les réprimandes qui ont été infligées aux enfants. On peut enfin analyser le comportement des inspecteurs et des instituteurs tout comme la réaction des élèves et celle de leurs parents.

HSLF édition couv p1 b

Le plus surprenant de cette histoire est que ces pratiques remontent à l'université du Moyen-Âge (qui imposait de ne parler que le latin) et qu'elles perdurent aujourd'hui en diverses parties du monde.

Cette conférence s'appuie sur une étude que j'ai rédigée sur l'interdit de la langue première à l'école et qui est sans doute la première synthèse disponible sur ce sujet. Elle est parue dans l'Histoire sociale des langues de France, publiée récemment aux Presses universitaires de Rennes, sous la direction de Georg Kremnitz (de l'université de Vienne, Autriche).

La photo ci-dessus : collection de symboles du Musée de l'école rurale de Trégarvan, reconstituée d'après témoignages.

Pour connaître le programme de l'UTL de Brest : https://www.utlbrest.infini.fr

Commentaires
U
Le français étant la langue qui permettait une ouverture sur le monde présent, et donnait ainsi les moyens, aux élèves bretonnants, de s'élever socialement. Ce qui n'était peut-être pas du goût de tout le monde, certains ayant intérêt à maintenir les populations bretonnantes, dans une sorte d'obscurantisme intellectuel.
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F
Je réponds au commentaire d'Alwenn du 29 décembre. C'est du pinaillage et c'est jouer sur les mots. Alwenn veut avoir raison à tout prix et, comme souvent, se méprend.<br /> <br /> 1. Je prends donc la peine de lui expliquer que les commentaires signés FB sont de l'auteur de ce blog. Il n'y a, dit-on, que les fous qui écrivent leur nom partout (encore que…). "Monsieur Broudic" ne le fait donc pas.<br /> <br /> 2. Alwenn devrait juste prendre un peu de temps pour s'informer au lieu de juger à l'emporte-pièce : suivre une conférence, ou se reporter aux études de fond publiées sur le sujet. Celle que j'ai rédigée sur ce sujet pour l'Histoire sociale des langues de France, par exemple.<br /> <br /> 3. De toute façon, il n'y a aucune ambiguïté dans le résumé de la conférence que j'ai présenté ci-dessus. J'ai bien écrit dans ce résumé qu'au XIXe siècle et jusqu'au milieu du XXe il était généralement interdit de parler le breton à l'école, non ? Et que ceux qui le faisaient se voyaient parfois attribuer le symbole. Si j'ajoute qu'on peut inventorier (non sans difficulté cependant) les objets qui ont été utilisés comme symboles et les réprimandes qui ont été infligées aux enfants, il n'y a pas d'équivoque, si ?<br /> <br /> Si je considère qu'on peut aujourd'hui analyser l'ampleur de ce phénomène et déterminer que le lieu stratégique en a été la cour de récréation bien plus que la classe, c'est parce que la plupart des témoignages dont on peut faire état, contrairement à l'idée reçue qu'on s'en fait, précisent bien que c'est pendant la récréation (et parfois sur le chemin du retour de l'école) que les élèves étaient invités à se surveiller mutuellement et à donner le symbole à celui qui était surpris à parler le breton. En classe, il n'y avait pas vraiment besoin de symbole. Le maître y enseignant le français par la méthode directe (autrement dit par immersion) ou par d'autres méthodes, et assez souvent à l'aide du breton (du moins la pemière année).<br /> <br /> Mais je ne peux pas reproduire ici le texte entier de ma conférence ni celui de mon article dans l'Histoire sociale des langues de France. Tant pis, si ça ne suffit pas pour contrer les préjugés. Qu'Alwenn veuille bien m'en excuser. <br /> <br /> FB
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F
Il n'y a là aucune entourloupe ni manigance pour tromper qui que ce soit. Il suffit de restituer les propos de Mme Le Meur dans le contexte de la conférence et de l'échange qui a suivi. Je peux sans doute admettre que la restitution que j'en ai faite n'est pas explicite, mais se lancer illico pour cela dans un procès en sorcellerie me paraît excessif.<br /> <br /> Je viens d'avoir un échange téléphonique avec Mme Le Meur. Elle a bien voulu me fournir quelques précisions sur ses années de scolarité. Originaire de Pommerit-Jaudy - et je rappelle qu'elle a 94 ans -, elle a d'abord été scolarisée à Plouguiel, puis chez les religieuses à La Roche-Derrien, quand elle a eu 8 ans et demi. Bien sûr, elle ne savait que le breton en arrivant à l'école. Bien sûr, on ne parlait pas breton en classe. Mais, dit-elle, on a vite fait d'apprendre le français : "d'instinct, on ne parlait plus le breton."<br /> <br /> Je l'ai déjà écrit ailleurs : les années 1897-1951 sont les années dures de l'exclusion du breton de l'école. Mais l'école n'a pas été le seul facteur qui a joué : les différences de statut social entre enfants originaires de la campagne et de la ville l'ont été aussi. À La Roche-Derrien, autour des années 1930, me dit Mme Le Meur, on ne parlait que le français : "par rapport aux filles de la ville, on faisait plouc si on parlait le breton. Parler le français, c'était plutôt du snobisme." Mais elle me confirme qu'il ne lui était pas interdit de parler breton dans la cour de récréation. Elle aimait bien l'école, ajoute-t-elle, et elle a eu "une maîtresse extraordinaire", originaire du Léon.
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A
"elle n'a pas connu l'interdiction du breton à l'école. Par contre, son mari, qui était originaire du Cloître-Pleyben, a eu le symbole."<br /> <br /> <br /> <br /> Drôle de façon de présenter les choses, en vérité.<br /> <br /> <br /> <br /> Le breton était interdit et exclut de la classe, de l'enseignement, du cursus scolaire. Une interdiction supplémentaire pouvait être l'interdiction du breton en dehors de la classe, dans la cour de récréation. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais essayer de faire croire que parce que le breton n'était pas interdit dans la cour, il n'était pas interdit du tout est une entourloupe qui ne trompe pas grand monde, enfin j'espère (et n'en suis pas totalement sur !)
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Le blog "langue-bretonne.org"
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Votre blog est impressionnant autant sur le fond que sur la forme. Chapeau bas !
Un correspondant occitan, février 2020.

Trugarez deoc'h evit ho plog dedennus-kaer. [Merci pour votre blog fort intéressant].
Studier e Roazhon ha kelenner brezhoneg ivez. Miz gouere 2020. [Étudiant à Rennes et enseignant de breton. Juillet 2020].

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