La condamnation du gérant de Breiz Atao
C'est une première : Boris Le Lay, le gérant du site internet d'extrême extrême-droite Breiz Atao, a été condamné pour diffamation et incitation à la discrimination raciale par le tribunal correctionnel de Quimper à 18 mois de prison avec sursis et à verser des dommages et intérêts aux plaignants, au nombre de six. L'information est publiée sous la signature de Thierry Charpentier en page 8 du quotidien Le Télégramme de ce mardi, ainsi que sur le site internet du quotidien.
Le dénommé Le Lay avait été démasqué une première fois à l'occasion d'un procès en diffamation que lui avait intenté l'écrivain Françoise Morvan. L'intéressé, hier, n'était pas présent à l'audience du tribunal de Quimper : il vit au Japon, où il réside dans la province de Chiba et travaille à Tokyo comme crêpier dans un restaurant français. Son avocat était également absent.
Le procès fait suite à la plainte déposée pour racisme par le sonneur Yannick Martin, champion de Bretagne de bombarde, à la suite des propos infamants publiés sur le site Breiz Atao à son encontre. Bernard Poignant, maire (PS) de Quimper, et Mona Bras, conseillère régionale (UDB), ayant été eux aussi vilipendés sur le même site, avaient également porté plainte, ainsi que des associations de défense des droits de l'homme comme la LDH, la LICRA et le BNVCA. Bien d'autres auraient pu le faire, car Boris Le Lay et ses comparses s'en prennent en termes ignobles à peu près à tous les Bretons (voir sur ce blog le message du 4 août 2011) sur la base d'un raisonnement spécieux selon lequel eux seuls seraient les vrais Breizhou, pardon les "Breizhour".
Ce dernier terme est composé du radical "Breizh" (variante "Breiz"), dont on sait qu'il est la dénomination de la Bretagne en breton, et du suffixe "our", dont le vénérable François Vallée précisait dans son Grand dictionnaire français breton qu'il est une "forme plus celtique" que le simple suffixe d'agent "er", qu'il est donc "plus relevé" et qu'il "se prête à la formation de noms d'agents supérieurs, d'hommes de science". On ne va évidemment pas créditer les "Breizhour" qui sévissent sur le site de Breiz Atao d'être des hommes de science. Qu'ils se considèrent eux-mêmes comme des "agents supérieurs" par rapport aux simples Bretons que sont tous les autres, cela ne fait aucun doute. Peut-être même qu'ils se prennent pour des samouraïs de papier ?
Alors que d'autres plaintes suivent leur cours, Boris Le Lay ne paraît pas du tout craindre d'être rattrapé par la justice de son pays. Il a réagi en dénonçant sur son site le "procès politique" qui lui serait fait et a décidé de faire appel. Sans évoquer le moindrement les raisons pour lesquelles a été prononcée sa condamnation, il n'hésite pas à comparer la France à… la Chine communiste. Ça fera rire tout le monde.
Il change également de tactique : il ne postait jusqu'à présent sur son site que des messages écrits et ne publiait que sous pseudonyme. Comme son nom est désormais cité dans la presse régionale, il se médiatise lui-même et il assume complètement : pour la première fois il a posté sur son site une photo et une vidéo de 25' – c'est un signe. Dans cette vidéo, sûr de lui et méprisant à souhait, il assume les propos qui lui sont reprochés tout en énonçant autant de sophismes que d'amalgames. Rien que des propos vantards et infantiles. Sous une apparence de candeur, il affiche clairement son appartenance aux identitaires français ou d'ailleurs, dont il ne fait en réalité que reprendre les thèses en les accommodant à une soi-disant sauce bretonne : la défense d'une culture européenne blanche, la crainte de l'arrivée d'un flot d'immigrés en France et d'Africains en Bretagne, le risque de chaos ethnique… Mais le risque de chaos, c'est lui qui le provoquerait sciemment, s'il avait réellement le pouvoir de le faire.