Echo du Festival : le livre en Bretagne
• Angèle Jacq, la présidente du 21e Festival du livre de Carhaix, a prononcé de fortes paroles au moment de l'inauguration samedi matin : "nous ferons ce qu'il faut, a-t-elle affirmé, pour être un peuple à jamais". Elle a proposé d'utiliser les nouvelles technologies pour mettre l'histoire de Bretagne à la portée de la jeunesse d'aujourd'hui : "pour liquider les peuples, dit-elle, on commence par leur enlever leur mémoire : un peuple oublie ce qu'il est et ce qu'il était." Elle a suggéré de mettre en place pour l'enseignement de l'histoire de Bretagne un système qui s'appuierait sur les bagadou, les cercles celtiques et les chorales.
• Charlie Grall, l'un des piliers du Festival, exprime lui aussi ses convictions dans l'interview qu'il a accordée à l'hebdomadaire "Ya !" : ce qui le motive, dit-il, "c'est de croire au peuple qui vit en Bretagne, l'envie de lui donner une plus grande liberté grâce au livre." Observant que "l'emsav (mouvement breton) s'affaiblit" et que "ses idéaux se diluent petit à petit en un discours consensuel", il est très critique vis-à-vis "des politiciens professionnels hypocrites [qui] font semblant d'agir, alors que tout le monde sait très bien que la langue bretonne perd du terrain devant la marée noire du français et de l'anglais."
• Le prix du roman de la Ville de Carhaix a été décerné à Hervé Jaouen pour "Ceux de Ker-Askol", paru aux Presses de la Cité : "de petites vies, selon Yannick Pelletier, de lourds travaux, des alternances de bonheur fugitif et de tragédie récurrente… Des vies tristes, mais belles, même dans la chute." Au moment de la remise du prix, Hervé Jaouen a fait une confidence : il s'est mis à l'étude du breton, qu'il avait manifestement déjà dans l'oreille.
• C'est Hervé Bihan, professeur de breton à l'Université de Haute-Bretagne et déjà connu comme auteur, qui a obtenu le prix Xavier de Langlais, pour un recueil de nouvelles intitulé "Traoù kouer" (Affaires de paysan), paru aux éditions Al Liamm : "il y manie à merveille l'humour trégorrois, tout en relatant des situations parfois cruelles." Le prix de la nouvelle en langue bretonne a été attribué à Riwal Huon (photo) pour un texte inédit. Ce prix de la nouvelle sera à nouveau décerné en 2011 : au niveau de la thématique, il est ouvert à tout vent, mais le règlement peut dissuader certains auteurs, puisque l'article 2 prescrit que le texte doit nécessairement être rédigé en orthographe unifiée.
• Lena Louarn, Vice-Présidente du Conseil régional de Bretagne, a annoncé qu'une nouvelle ligne budgétaire serait créée en 2011 pour faciliter la traduction en breton d'ouvrages publiés en d'autres langues et diversifier ainsi les aides à la langue bretonne.
• À l'occasion du Festival du livre de Carhaix, la revue Brud Nevez a publié tout un dossier sur la même thématique que le festival : l'écrit est-il en danger ? Avec des contributions d'Angèle Jacq, Fanny Chauffin, Jean Le Clerc de la Herverie, Charles Kermarec et Yves-Marie Derbré-Salaün. En tant que présidente, ce numéro a été remis à Angèle Jacq à l'occasion du Festival.
• Maiwenn Morvan, une jeune Bretonne qui vit à Bangkok, vient de publier son premier roman en langue bretonne : "Buhez prevez Lola P." (La vie privée de Lola P.), paru aux éditions Emgleo Breiz. C'est sans doute l'une des meilleures ventes du festival 2010, puisqu'elle en a vendu plusieurs dizaines en deux jours à Carhaix.
• Yann-Fañch Jacq a profité du festival du livre pour présenter le numéro 0 d’une nouvelle revue qu’il destine aux 15-30 ans : A beb tu (De tous côtés, voir message précédent). Mais le lancement n’interviendra qu’à la fin de l’année, à condition qu’il ait réuni 300 abonnés d’ici là et qu’il soit assuré d’une page de publicité dans chaque numéro. Il se trouverait, sinon, dans l’impossibilité de recruter les deux collaborateurs dont il a besoin pour publier la revue au rythme de deux fois par mois.
Voir des vidéos, photos et textes concernant le Festival du lkivre de Carhaix, sur le site de l'ABP : http://www.agencebretagnepresse.com/