Décès de Charlez ar Gall
La Bretagne et la langue bretonne sont en deuil. L'une des personnalités les plus attachantes et les plus populaires de Bretagne est décédée ce 3 novembre 2010, à l'âge de 89 ans : il s'agit de Charles Le Gall, bien connu de tous sous le nom de Charlez ar Gall.
Je rends hommage à l'homme de conviction et à l'éminent bretonnant : il a joué un rôle de premier plan dans les années 1960 et 70 pour le développement de la radio et de la télévision en langue bretonne. Charlez ar Gall a été en effet le tout premier présentateur en langue bretonne de la télévision régionale dès sa création en 1964. C'est par la radio qu'il avait débuté sa collaboration à l'ORTF : il prend le relais de Pierre-Jakez Hélias en 1959 pour animer les émissions de Radio-Quimerc'h. En janvier 1971 est créé le premier magazine en langue bretonne de la télévision, sous le très beau nom de "Breiz o veva" (La Bretagne qui vit) : Charlez ar Gall se retrouve tout naturellement à la tête de l'équipe qui en prend la charge et qui comprend sa femme Chanig ar Gall, Pierre-Jakez Hélias et moi-même.
Sa carrière audiovisuelle a cependant été marquée par deux évènements qui ont eu à l'époque un retentissement considérable en Bretagne. En 1962, il est en effet suspendu pendant un mois par le Ministre de l'Information de l'époque pour avoir diffusé une chanson considérée comme séditieuse : "Emgann Montoulez" qui relatait la prise de la sous-Préfecture de la ville de Morlaix par les paysans léonards. En 1974, c'est une de ses chroniques télévisées qui est tronquée lors de sa diffusion : il préfère alors démissionner. Quelques jours plus tard avait lieu l'attentat du Roc-Trédudon. Charlez ar Gall avait été très affecté par cette succession d'évènements.
Instituteur de formation et enseignant de profession, Charles Le Gall n'a jamais travaillé qu'à temps partiel dans l'audiovisuel : sa contribution aux programmes en langue bretonne de la radio et de la télévision n'en est que plus remarquable.
C'était un homme de conviction et d'une grande intégrité, chaleureux, ouvert à la discussion. Proche d'Armand Keravel et de Pierre-Jakez Hélias, il est de ceux qui ont relancé le mouvement Ar Falz dans un contexte difficile, aux lendemains de la Libération, puis participé à la création de la fédération Emgleo Breiz et de la revue Brud (aujourd'hui Brud Nevez).
Charlez ar Gall était un éminent bretonnant, s'exprimant à l'oral comme à l'écrit dans une langue authentique, avec une belle aisance et un grand souci de la précision. Il aura grandement contribué à la réhabilitation de sa langue maternelle : par la parole quand il s'exprimait sur les ondes, et par ses écrits, puisqu'il a continué à publier dans la revue Brud Nevez jusqu'à ces derniers mois.
Les obsèques de Charles Le Gall seront célébrées dans la plus stricte intimité.
Tous ceux qui l’ont connu sont invités à se retrouver pour l'hommage qui lui sera rendu samedi 6 novembre à 11 heures au jardin Kennedy à Brest, où il aimait beaucoup se promener.
Tous ceux qui le voudront pourront prendre la parole en français ou en breton à sa mémoire, pour un adieu à à l'homme de conviction et à l'éminent bretonnant qu'il a été.
Les photos
En noir et blanc : Charlez ar Gall lors de l'enregistrement de sa chronique télévisée, sur le site de Moulin-Mer à Logonna-Daoulas en 1966.
En couleur : Charlez Ar Gall en mars 2009 lors de la remise du Prix Hervé Le Menn à son ami Rémi Derrien.