Manifester pour les langues de France à Paris ?
Tous ceux que la question des langues régionales intéresse ont entendu parler de la dernière grande manif organisée par les Occitans à Carcassonne et de celle des Basques à Bayonne en octobre dernier (voir message du 27 octobre). Jean-Pierre Cavaillé fait actuellement observer sur son blog que ces manifestations sont passées inaperçues dans les grands médias nationaux, ce qui en a minimisé l'impact.
Il lance donc l'idée (que les organisateurs du rassemblement de Carcassonne n'auraient pas retenue pour l'instant) d'une nouvelle manifestation dont la particularité serait double :
1. elle "associerait aux Occitans tous les locuteurs de langues minorées qui, comme nous, réclament des droits"
2. elle devrait se dérouler à Paris.
Une Linguistic Pride
Jean-Pierre Cavaillé est convaincu que les relais parisiens des différentes langues de France sont assez nombreux pour qu'on puisse constituer à Paris une équipe pour l'organisation d'une telle manifestation. Il estime également qu'une manifestation parisienne peut avoir lieu sur une base très large de revendications communes : ratification de la Charte européenne, obtention d'une loi (dont l'adoption semble en ce moment écartée)… "Cette manifestation, festive, musicale, costumée serait, écrit-il, le moyen, à mon avis irremplaçable, de donner à voir et à entendre le plus largement possible la diversité linguistique et culturelle du pays : une sorte de Linguistic and Cultural Pride !"
Mais pourquoi donc aller manifester à Paris ? Jean-Pierre Cavaillé a plusieurs réponses à la question. Tout d'abord, Paris serait "le lieu idéal pour montrer en action cette conception de la diversité linguistique et culturelle plurielle et ouverte" : il propose donc d'associer aux locuteurs de langues territoriales (comme l'occitan, le basque, le breton…) ceux des langues d'outre-mer (nombreux en région parisienne) et ceux des langues de l'immigration. Car il est à ses yeux "inimaginable" de ne pas réunir sur un tel projet tous les groupes de citoyens ayant des revendications linguistiques.
Ensuite, une manifestation à Paris, à condition que ce soit une manifestation d'ampleur, "donnerait ipso facto à notre mouvement une visibilité nationale" et retiendrait plus facilement l'attention des médias nationaux autant que celle du monde politique et des pouvoirs publics. Ce n'est pas faux : en allant manifester en nombre à Paris, les défenseurs de l'enseignement privé ont obtenu ce qu'ils voulaient d'un gouvernement de gauche et ceux de l'enseignement public ont fait reculer un gouvernement de droite… Mais les défenseurs des langues de France sont-ils aussi bien organisés ?
Jean-Pierre Cavaillé complète son argumentaire par une autre proposition : "mobiliser" les chercheurs travaillant sur les langues minorées en France ou de par le monde pour des débats et des conférences, en un lieu qui est aussi, de fait, central pour la recherche.
Le débat est ouvert.
Le blog de Jean-Pierre Cavaillé : http://taban.canalblog.com/