Kofi Yamgnane et le Togo : tout est à faire
Je connais Kofi puisque nous avons été étudiants à la même époque à Brest. Lui-même aime à rappeler que j'ai été le premier à l'interviewer pour la télévision, lorsqu'il a été élu maire de Saint-Coulitz (Finistère) en 1989 et qu'il a été ainsi le premier maire noir issu de l'immigration. Il avait été surpris que toutes les chaînes africaines avaient le soir même diffusé le reportage.
Kofi a fait une belle carrière politique en France. Mais il vient d'abandonner la citoyenneté française, pour pouvoir être candidat à la Président de la République du Togo, son pays d'origine, en février 2010.
Au Togo, Kofi Yamgnane est en campagne électorale et a déjà rendu visite à la plus grande partie des chefs de village. Hier soir il est venu expliquer le sens de sa démarche, à l'occasion de ce qu'on n'appellera quand même pas un meeting, devant une salle comble à Quimper.
Faire campagne au Togo, ce n'est pas simple. D'une part, on y parle 45 langues différentes du sud au nord. D'autre part, tout ou presque est verrouillé par l'actuel Président de la République, qui a succédé à son propre père. Enfin, les Togolais ont peur.
Kofi n'en considère pas moins qu'ils en ont assez et que le changement est à portée de main. Le Togo, dit-il, est un chantier et tout est à faire. Il a identifié les défis majeurs qu'il compte relever : l'alimentation, l'éducation, la santé, le chômage. Il y ajoute celui de la réconciliation : il faut faire vivre tout le Togo ensemble, mais il faut aussi que les Togolais parlent. S'il est élu, il a déjà prévu d'adopter plusieurs mesures emblématiques, comme la libération des prisonniers d'opinion.
Kofi lui aussi a peur, et il redoute la fraude électorale : il fait donc appel à la France et à l'Europe pour la que les élections soient réellement transparentes. Et en ce domaine aussi tout est à faire…
Je compte publier un article sur Kofi Yamgnane dans le prochain numéro de la revue en langue bretonne Brud Nevez.