La victoire de Guingamp
La photo des joueurs, de l'entraîneur et du Président Le Graet, tous brandissant la fameuse Coupe, font la une de toute la presse. Dans L'Equipe, Chenez dessine le Président d'En Avant en grand chef de Bretagne : "Le Graët Britain" ! Trop facile.
Les titres sont au diapason et se recoupent :
- Le Journal du Dimanche : L'exploit de Guingamp
- L'Equipe : En avant toute !
- Ouest-France : L'exploit !
- Le Télégramme : Fabuleux !
- sur France 3 Ouest, ce midi, Gurvan Musset et Tangi Kermarrec parlent d'un match historique, grandiose…
En pages intérieures, Le Télégramme reprend la métaphore bretonne : "le fest-noz du siècle !" Comme le siècle n'a que 9 ans, qui sait, on en reverra peut-être d'autres ?
La plupart des articles analysent minute par minute la rencontre, le jeu des équipes, la grande classe d'Eduardo, la contre-performance de Leroy… Ils racontent en détail comment le favori s'est fait piéger par une équipe de L2. Logique. Il y a beaucoup moins de papiers sur le contexte, l'ambiance… Dans L'Equipe, David Fioux parle d'une journée en rouge et noir et souligne que "l'atmosphère est restée bon enfant" : c'est vrai, il n'y a pas eu d'invectives ni de casse. Tout le monde a également remarqué que les tribunes du Stade de France étaient inondées de gwenn-ha-du (le drapeau breton blanc et noir) : il y en avait paraît-il dans les 20 000, qui avaient été distribués par la Région.
Ouest-France parle de la "marée bretonne" qui a submergé le Stade de France et de "l'impressionnant déplacement des Bretons vers la capitale." Pour David Dupré et Benoît Le Breton, c'était la fête de la Bretagne. Mais, ajouent-ils, "le beau consensus identitaire s'est arrêté à l'instant où les équipes sont entrées sur le terrain. Le chauvinisme sportif a alors repris ses droits…"
Dans Le Télégramme, Benoît Siohan raconte comment le "Bro goz" a finalement été interprété deux fois, alors qu'on avait cru qu'une seule fois posait déjà trop de problèmes. La première fois, à 19 H 30, la version enregistrée de la chorale Mouez ar Mor, "dans le délire festif du début". Puis, une seconde fois, en live par Alan Stivell, a capella "dans un silence de cathédrale". Mais le journaliste ne sait sans doute pas bien le breton, puisqu'il retranscrit "Pemet Breizh" ce qui était en réalité "Bevet Breizh" (c'est-à-dire "Vive la Bretagne" en breton) et par lequel il est habituel de clore l'hymne breton. Reste à savoir si les Bretons, qui connaissaient bien peu le "Bro goz" jusqu'à présent vont se l'approprier et le populariser à compter de cette journée bretonne à Paris.
En tout cas René Pérez avait fait très fort avec son édito dans Le Télégramme d'hier (voir messages précédents), puisqu'on en a parlé sur toutes les radios et qu'il a réussi à faire changer d'avis au Président de la République. N. Sarkozy est finalement venu assister au match. Mais son nom n'a jamais été cité et comme l'écrit Benoît Siohan, "il est passé comme une ombre… Pour les 80 000 Bretons présents, c'est comme s'il n'avait jamais été là." Il n'y a qu'à la télé qu'on l'a vu.
On connaissait l'humour des billets de René Pérez dans Le Télégramme. Les hommes politiques vont devoir maintenant se méfier de l'impact de ses papiers.