TV Breizh lègue ses archives
Photos à l'appui, nos quotidiens régionaux l'ont annoncé dans leurs éditions du 17 mars : TV Breizh cède ses programmes en breton. Comme l'explique le directeur de la chaîne en termes choisis, ils "n'avaient plus de place dans notre nouvelle grille de programmes". On s'en était rendu compte. Que TV Breizh se débarrasse ainsi de ses propres archives, c'est bien le signe qu'une page est définitivement tournée et la fin d'une (brève) histoire.
La cession concerne la version doublée en langue bretonne d'un certain nombre de dessins animés, de films et téléfilms, ainsi que celle des reportages et magazines tournés par la chaîne. L'ensemble représente près de 500 heures, ce qui veut dire qu'en 10 ans TV Breizh a diffusé en moyenne chaque année environ 50 heures de programmes frais en breton. Ce n'est pas rien, mais c'est moins que ne le fait le service public. C'est aussi bien moins que les bilans dont la chaîne s'est longtemps enorgueillie, en affichant un impressionnant volume horaire de diffusion : mais c'était en comptant les multidiffusions.
La cession se fait à titre gracieux, au bénéfice de l'association Dizale, qui était déjà le partenaire de TV Breizh pour le doublage des films et des dessins animés et qui assurera désormais l'exploitation de tous ces produits. Mais c'est la Cinémathèque de Bretagne qui va assurer la conservation et la gestion du fonds. Les deux structures annoncent qu'elles vont lui redonner vie par des projections dans les écoles et une mise à disposition sur internet.
Mais que vont devenir les droits télé pour tous les produits doublés en langue bretonne ? Jusqu'à présent, TV Breizh les bloquait pour des durées tout à fait inhabituelles. D'une certaine manière, c'était scandaleux, puisque le doublage avait tout de même été financé à 50% par le Conseil Régional de Bretagne, donc par la collectivité publique. A supposer qu'une autre chaîne soit intéressée par la diffusion d'un dessin animé doublé en breton par exemple, cela sera-t-il possible désormais ?
Selon une source proche du dossier à la Région, les produits devraient être libres de droits, y compris pour un diffuseur. A condition, fait remarquer quelqu'un d'autre, qu'il n'y ait pas de clauses restrictives ou des verrous partout. S'il n'y en a pas et si le fonds est effectivement libre de droits, il devrait représenter une belle aubaine pour les web-télés et pour les chaînes locales de la TNT, qui pourront aisément et à moindre coût envisager une programmation en langue bretonne. Reste, dans un premier temps, à le numériser : un gros travail en perspective pour la Cinémathèque de Bretagne.