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Le blog "langue-bretonne.org"
20 janvier 2009

La Poste et le breton : point final ?

arbres_86Après les déclarations de son directeur pour l'Ouest-Bretagne, après toutes les prises de position qui ont suivi en quelques jours, La Poste apporte des précisions sur la manière dont elle entend améliorer la distribution du courrier (Ouest-France de ce 20 janvier). Ces précisions sont assez claires : elle entend travailler "en concertation avec les élus locaux, pour que toutes les rues bretonnes, lieux-dits et voies portent un nom, que ce nom soit breton ou français". S'il ne s'agit que de cela, ça ne devrait pas être trop compliqué.
La Poste ajoute que la dénomination des voies, hameaux et lieu-dit "est évidemment du ressort des municipalités" et indique même que "en aucune façon elle ne privilégie le français pour la dénomination des rues". Les communes n'ont donc pas à transformer la toponymie locale, comme on avait cru le comprendre.
Ces précisions devraient mettre un terme à une polémique qui ne se serait jamais développée, si le Directeur de La Poste pour le Finistère et le Morbihan n'avait quand même pas déclaré qu'il "recommand[ait] de choisir le français plutôt que le breton pour les dénominations" de rues et de hameaux. C'est ce qu'il faut bien considérer au minimum comme une maladresse, au pire comme une vraie méconnaissance des réalités régionales.
Dans l'introduction de ma thèse sur "L'évolution de la pratique du breton de l'Ancien Régime à nos jours" (Presses Universitaires de Rennes, 1995), j'écrivais ceci : "S'il est un sujet qui, en Bretagne, et singulièrement en Basse-Bretagne, ne laisse personne indifférent, et peut même susciter les passions, c'est à l'évidence la langue bretonne." Aujourd'hui, il y a beaucoup moins de bretonnants qu'il n'y en avait il y a 50 ans. Mais sur la question de la langue bretonne, on ne plaisante pas. Toutes proportions gardées et avec des enjeux tout à fait différents, cette affaire m'en rappelle une autre quand, il y a un siècle, le Président du Conseil avait voulu interdire au clergé d'assurer la prédication en breton dans les églises : cette décision avait soulevé un tollé comme il y en a rarement eu. Il y a eu quelques autres histoires du même genre.
Avec tout ça, on ne sait pas comment La Poste va résoudre le problème qu'auraient ses nouvelles machines de tri avec les apostrophes du breton. Il lui reste à restaurer une image qui s'est détériorée en quelques instants auprès de tous ceux pour qui la langue bretonne représente quelque chose d'important, que ce soit au niveau des usages concrets ou au niveau symbolique.

Commentaires
M
A la lecture de l'article du Télégramme en date du 17 janvier, "La Poste. Des adresses françaises plutôt que bretonnes", j'ai ressenti une immense fierté en apprenant que la Poste, notre chère Poste, parfois très chère même, avait investi nos deniers dans des machines du dernier cri pour trier le courrier des tournées du facteur.<br /> <br /> Malheureusement ces trieuses-classeuses-débiteuses sont si modernes et ultra-sophistiquées qu'elles ne savent pas lire le breton et qu'entre autres, les apostrophes leur font friser un AVC quotidien. Quand on sait le peu de place et d'importance des apostrophes dans la langue bretonne, on comprend mieux l'ampleur du problème qui assaille les machines super-sophistiquées du directeur du courrier pour l'Ouest Bretagne !<br /> <br /> A mon avis les O'Neil, O'Malley et O'Connelly devraient s'inquiéter pour leurs patronymes dans l'Europe en devenir, surtout s'ils vivent place de l'église, rue de l'hôpital, boulevard d'Estienne d'Orves ou avenue de la grand'mère de l'évêque d'Orléans !<br /> <br /> En fait je m'égare : ce ne sont que les apostrophes du breton qui font disjoncter les machines super 21e siècle. Alors vive la rue des Hirondelles, l'impasse des Cormorans ou la venelle des Myosotis de Dunkerque à Tamanrasset.<br /> <br /> N'oublions tout de même pas la raison invoquée pour cette demande de délocalisation des noms locaux : que les clients reçoivent mieux leur courrier. C'est fort louable en effet et je comprends enfin pourquoi mon facteur passe 3 heures plus tard qu'il y a 10 ans : une foutue apostrophe bretonne qui met à mal les machines ultra-super-ingénieuses qui ne savent pas lire le breton. Vendons-les donc aux Chinois : peut-être auront-elles plus de chance avec le mandarin.
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J
La mise au point de la Poste est une bonne chose. Mais est-ce que ça ne serait pas plutôt un désaveu pour M. Amiard ? Il a quand même fallu que des tas de gens réagissent pour en arriver là. Si le Président du Conseil Régional s'en est mêlé, c'est bien parce qu'il y avait un problème et que personne n'aurait admis de changer les noms de lieux bretons par des noms français.<br /> Toute cette histoire ne donne pas une très belle image de l'administration. Il paraît que le président de la Poste, J.P. Bailly, va venir à Quimper en fin de semaine. Il faut qu'il mette les points sur les i. Que la poste nous laisse parler et écrire le breton comme on veut, et qu'lle se débrouille avec ses apostrophes. Et que M. Amiard se taise.
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Le blog "langue-bretonne.org"
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Votre blog est impressionnant autant sur le fond que sur la forme. Chapeau bas !
Un correspondant occitan, février 2020.

Trugarez deoc'h evit ho plog dedennus-kaer. [Merci pour votre blog fort intéressant].
Studier e Roazhon ha kelenner brezhoneg ivez. Miz gouere 2020. [Étudiant à Rennes et enseignant de breton. Juillet 2020].

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