Langues locales et développement
Dans son édition de vendredi 9 janvier, "Le Monde" a publié un très intéressant article de Pierre Le Hir intitulé "L'aide au développement face à la barrière de la langue. En Afrique, l'absence de traduction en langue locale est souvent un frein aux programmes d'aide".
Cet article présente en fait un livre qui vient de paraître sous la direction de Henry Tourneux, un chercheur du CNRS et de l'IRD (Institut de Recherche pour le Développement), sur "Langues, culture et développement en Afrique". Les programmes d'aide au développement, explique le directeur de cet ouvrage, sont conçus en anglais ou en français et ce n'est que dans un deuxième temps qu'ils sont "répercutés sur le terrain avec l'aide d'interprètes recrutés parfois à la dernière minute. Cette approche se heurte à des problèmes de compréhension, liés à des terminologies et, au-delà, des représentations culturelles et symboliques différentes".
Du coup, les campagnes d'information sur les ravageurs du coton au Cameroun ou sur les maladies sexuellement transmissibles au Burkina-Faso n'atteignent pas leur objectif. H. Tourneux souligne l'intérêt d'échanger avec les populations concernées "dans leur propre langue et selon leurs propres codes culturels" et suggère de créer pour cela des formations à la linguistique du développement. Son constat est très simple : "en Afrique, les langues locales sont les mieux adaptées pour diffuser à grande échelle des informations concernant la santé, la prévention des maladies, l'agriculture ou l'élevage".
Peut-on oser une comparaison ? Si l'on y réfléchit bien, en Bretagne aujourd'hui, la langue locale (ou régionale, comme on voudra) serait-elle "la mieux adaptée pour diffuser à grande échelle" de telles informations ?
Langues, culture et développement en Afrique / dir. Henry Tourneux. - Ed. Karthala, 2008.