Au sujet d'un Dictionnaire. Et de la télévision régionale
Dans mon compte-rendu du Dictionnaire d'histoire de Bretagne, je signalais qu'une filmographie aurait été un complément judicieux à la bibliographie. Et je citais deux films d'Alain Gallet.
Ce dernier vient de me faire part de sa réaction, que je reproduis avec son autorisation. Voici donc le regard d'un réalisateur qui a toujours considéré l'audio-visuel en région comme un phénomène majeur et qui regrette que si peu de gens le prennent suffisamment en compte. Il le dit lui-même.
J'ai consulté avec curiosité ton blog, que je trouve naturellement intéressant. De telles initiatives contribuent à animer un débat d'idées (un vrai !) bien maigrichon, ici (en Bretagne).
J'ai d'ailleurs toujours pensé que le désintérêt d'une certaine "intelligentsia bretonne" - qui existe bel et bien pourtant (mais éparpillée en partie dans la diaspora) - à débattre sur un certain nombre de choses (comme l'idée d'une télévision régionale, par exemple) était préjudiciable à ce beau pays (je préfère "pays" à "région"...). Cette désaffection a permis - depuis des années et des années - que se développent des jeux de polémiques de pacotille, plutôt que des débats de fond, sans cesse escamotés...
De telle sorte que, oui, on peut voir in fine des historiens tout à fait respectables passer d'une certaine façon à côté d'un phénomène majeur : l'audio-visuel régional. Hélas, j'ai pu maintes fois le vérifier : les politiques et les universitaires ont en commun le fait de ne pas regarder la télévision... si peu, souvent, pas du tout.
De là à ce qu'elle n'existe pas, il n'y a donc qu'un pas...
J'ai pourtant entendu annoncer des fourchettes d'audience pour le documentaire du samedi oscillant entre 100 000 et 250.000 téléspectateurs.
Çà commence quand même à faire du bruit à l'échelle d'une région !...
Et le documentaire c'est de l'émotion, de l'imaginaire, de la mémoire et de l'intelligence qui circulent...
Et bien sûr il n'y a pas que le documentaire ! Mais toute une grille d'émissions diverses : programmes et Informations. Tout çà, c'est une forme spécifique de lien social qui devrait intéresser les historiens (et les politiques ! pour qu'il la défendent, cette télévision régionale). Eh bien, non...
Si peu.
C'est d'ailleurs un paradoxe : le professionnalisme n'y a jamais été aussi grand, les téléspectateurs sont là et l'attente est forte (historiquement le contexte n'a jamais été aussi favorable, je crois, à une télévision régionale), et elle n'a jamais été aussi menacée...
"Tout le monde a un passé, il suffit d'attendre", écrivait Frédéric Dard...
Comme beaucoup d'entre nous, c'est donc ce qui m'arrive aussi (à la longue !).
Et je ne peux éviter de me regarder avec un brin de compassion pour tant d'innocence (de bêtise ?) mise dans l'espoir d'une grande télévision régionale.
Je ne regrette rien. Tu le sais : c'est un métier de rencontres extraordinaires, elles sont le seul privilège de la profession.
Alain Gallet