La saison des thèses
La Bretagne, ses paysages, sa culture… Et pourquoi pas ses chercheurs ? C'est la question tout à fait pertinente que pose un récent supplément du journal Ouest-France. Gilles Kerdreux fait observer avec humour qu'il y a "davantage de chercheurs que de menhirs dans la région". Mais tout le monde ne le sait pas.
Les 20 et 21 novembre, va avoir lieu à Rennes un sommet européen des jeunes chercheurs : 27 pays seront représentés. Près d'une centaine de jeunes doctorants installés en Bretagne va y participer.
Le supplément est un peu trompeur, puisque toutes les photos ou presque ont été prises dans des labos où on ne voit que des éprouvettes, du câblage, des machines extraordinaires… C'est déjà le présent de la recherche en Bretagne, et c'est sûrement l'avenir. Le Breton Claude Berrou vient ainsi d'entrer à l'Académie des Sciences, pour avoir été l'un de ceux qui ont inventé les turbocodes.
Mais c'est bizarre : quand on parle de recherche, on ne parle pas, ou si peu, de sciences humaines. Pourtant, sur 3 881 chercheurs recensés dans le secteur public en Bretagne, il y en 3% en "arts, lettres et langues." Et… 22% en sciences humaines. Pourquoi donc cette recherche-là n'a-t-elle pas trop la cote ? Pourquoii, quand il est question de promouvoir la recherche, n'en parle-t-on pas dans la presse ? Mais comment pourrait-on se passer d'historiens, de sociologues, de linguistes ?
Dans le domaine de la langue bretonne, les chercheurs ne sont pas bien nombreux. Pas assez nombreux. Mais il y en a. Trois thèses viennent ou vont faire l'objet d'une soutenance d'ici la fin de cette année 2008 :
- le 1er octobre, Erwan Le Pipec a obtenu, à l'Université de Haute-Bretagne, les félicitations du jury pour une recherche intitulée "Etude pluridimensionnelle d'un parler : description, émergence et aspects sociolinguistiques du breton de Malguénac."
- le 6 décembre, ce sera au tour d'Envel Kervoas, toujours à Rennes. Son sujet : les romans en breton pour la jeunesse. E. Kervoas a déjà publié un inventaire détaillé de tous les livres publiés en breton pour la jeunesse, avec une première analyse.
- Mannaig Thomas enfin va soutenir le 9 décembre, à Brest, une thèse sur : "Pierre-Jakez Hélias et Le Cheval d'orgueil : le regard d'un enfant, l'œil d'un peintre". Il y a déjà eu deux colloques en Bretagne concernant P.J. Hélias. Une trentaine d'années après la parution du livre qui a fait la réputation de l'écrivain bigouden et après les polémiques qui ont suivi, c'est la première thèse.
Envel Kervoas. Al levriou e brezoneg evid ar vugale. Brest : Emgleo Breiz, 220 p.