Deux magiciennes dans le ciel de Brest
Depuis jeudi, je voulais vous parler de cette troupe venue de Charenton-Le-Pont, dans le Val-de-Marne, et dont le spectacle a débuté lors des deuxièmes Jeudis du port de cet été à 19 heures 12 aussi ponctuellement qu’annoncé. La troupe, c’est la Compagnie Retouramont, dont le directeur artistique est Fabrice Guillot. À vrai dire, je ne connaissais pas grand-chose du spectacle avant d’y aller, et c’est en voyant le dispositif en place que je me suis installé dos au soleil pour prendre des photos des actrices sur fond de ciel bleu. Car le ciel peut être bleu à Brest aussi. J’ai appris depuis qu’elles pratiquent "la danse verticale" de manière à révéler "les potentialités de nos villes". Ce qui aurait pu n’être qu’un concept comme il y en a tant se révèle en réalité bien séduisant.
Les deux acrobates sont donc des danseuses qui ne restent pas bien longtemps scotchées au sol et ne cessent ensuite de se propulser vers le ciel, de monter, de descendre, de glisser, de marcher et d’évoluer à hauteur du monument américain qui surplombe le port. On en oublie ses repères, on craint la perte d’équilibre, mais non, l’une après l’autre ou toutes les deux ensemble se cherchent ou se repoussent, se retrouvent et s’éloignent, les corps-à-corps sont fugitifs le long de cordages actionnés par des poulies ou de longues structures tubulaires blanches qu’elles emboîtent et construisent on dirait comme elles veulent. Si, au lieu d’être noirs, les cordages avaient été transparents, on aurait pu croire qu’elles volent. Quand les danseuses ont la tête en bas, le public, subjugué par tant de magie, n’a d’autre choix que de s’étonner et de lever la sienne au ciel. Il a juste le temps d’applaudir brièvement entre deux séquences, et ça repart jusqu’au final. Ce spectacle de "voluminosité" (c'est ainsi qu'il s'apelle) est une performance et repousse les limites de la perspective.
Si la Compagnie Retouramont n’est pas encore venue dans votre ville, trouvez d’urgence le moyen de l’inviter. C’est bluffant.