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Le blog "langue-bretonne.org"
2 juillet 2019

Les touristes qui viennent passer l’été en Bretagne seraient-ils des migrants ? Un site internet l'affirme.

NHU et les migrants

Au nom de la Bretagne on peut tout écrire, le meilleur comme le plus extravagant. Le site NHU nous annonce ainsi depuis lundi 1er juillet l’arrivée "imminente" de "un million de migrants aux portes de la Bretagne" qui vont nous "envahir". 

Vous ne connaissiez pas NHU ? Ce n’est pas très connu. Et vous ne savez sans doute pas ce que signifie le sigle. C’est du breton, qu’il faut savoir lire et écrire pour le décrypter. C’est l’abréviation de "Ni hon-unan", en français "Nous-mêmes". Un calque de l’irlandais "Sinn Féin", que divers groupes bretons ont fait leur à différents moments, dans les années 1990 par exemple, à l’occasion de quelques attentats. 

Le site NHU se veut engagé, mais non partisan. Il insiste sur le fait que la Bretagne est "aussi vaste que Taïwan" : comparaison aussi lointaine qu’inattendue. Comme Taïwan n’est assurément pas un pays celtique, ce doit être l’histoire de l’île qui fascine NHU.

Un article effarant

Le site se présente comme un "média internet participatif breton et citoyen". Il aborde effectivement une assez large variété de thématiques. Tout un chacun est invité à devenir rédacteur, sans pouvoir utiliser de pseudo. Là, le post sur "l’arrivée massive de migrants" dans la région est signé de "la rédaction". Ce qui voudrait dire (d’après sa charte) que l’auteur ne voulait pas s’afficher. Mais il a suffi de quelques réactions pour que celui qui se présente ailleurs sur internet comme "initiateur et co-animateur de NHU", Rémy Penneg, reprenne la plume pour commenter les commentaires.  

Ce qu’il y a d’effarant dans cet article, présenté comme étant une dépêche de correspondants fictifs, applique aux touristes qui s’apprêtent à venir passer leurs vacances en Bretagne la terminologie exacte que les populistes d’extrême droite utilisent un peu partout pour rejeter les migrants qui veulent rejoindre l’Europe par le sud. On joue sur l'emphase, on dramatise à souhait.

Petit florilège

  • "Des familles entières, mais aussi des groupes de jeunes, auraient l’intention d’entrer en Bretagne".
  • "Des regroupements familiaux sont également à craindre". 
  • "Pourquoi ces migrants choisissent-ils la Bretagne ? Pourquoi veulent-ils venir en Pays bigouden. Mais pas dans les Ardennes françaises ?" 
  • "Les migrants climatiques sont maintenant à nos portes !"
  • "Les migrants qui vont envahir la Bretagne bientôt n’en peuvent plus de (sur) vivre là où ils sont aujourd’hui installés".
  • Ils "vont entrer en Bretagne par nos frontières de l’est".
  • "Un flux migratoire important du nord par bateaux (sic)".
  • On assiste à un "afflux migratoire exceptionnel".
  • "Beaucoup seront hébergés dans des tentes […] Mais également dans des hôtels qui se préparent à cet afflux massif, et même chez l’habitant".
  • "Ces migrants saisonniers que d’aucuns appellent aussi touristes" sont par ailleurs désobligeamment comparés à "des oiseaux qui migrent pour trouver temporairement une meilleure nourriture".

Un mauvais gag ?

On croit rêver. Cette prose est présentée comme un billet d’humeur. On peut donc tout à fait le comprendre comme du ressentiment ou comme une manifestation de mauvaise humeur. L’auteur prétend avoir voulu "traiter de façon décalée" de la migration estivale des touristes vers la Bretagne et reconnaît certes que le sort des réfugiés est "bien plus délicat". 

Sachant que la Bretagne reçoit aussi des réfugiés, c’est travestir les conditions dans lesquelles ils arrivent en Europe et cautionner le langage qu’on emploie couramment à leur encontre. Pourquoi donc de telles comparaisons ? Pourquoi utiliser ce vocabulaire stigmatisant qui n’a rien de drôle ? Quel est le but ? S’agit-il de décrédibiliser les réfugiés comme le font les ministres italiens ? Ou de dénoncer le tourisme en Bretagne et d’ostraciser ceux qui veulent profiter de "tout ce dont nous, Bretonnes et Bretons, bénéficions en permanence" ? Les réfugiés n'aiment pas trop ce type de propos. Les touristes qui arrivent en Bretagne, eux non plus, ne vont pas apprécier d'être accueillis en ces termes. C'est du mépris.

Rémy Penneg a beau vanter l'hospitalité bretonne légendaire, son propos, au fond, n'est que de mettre en évidence la différenciation entre nous et eux. Nous, on est les Bretons au sang pur et au cœur généreux, sous-entendu, on n'est pas Français. Eux, ce sont les autres, qui ne sont donc pas Bretons, puisque ce sont des Français, des Belges, des Allemands, des Britanniques, etc. On veut bien qu'ils viennent séjourner en Bretagne temporairement, pourvu qu'ils ne restent pas trop longtemps, et à condition qu'ils veuillent bien payer leur écot en franchissant la frontière (pas tout à fait invisible) entre la Bretagne et la France, au péage de la Gravelle. C'est un discours d'exclusion que les responsables du tourisme à la région comme au niveau local, ni ceux qui en vivent, ne devraient pas goûter du tout. C'est une forme de xénophobie. Le post de NHU n'est pas un mauvais gag, c'est parfaitement désagréable.

Commentaires
F
Cher Monsieur Rémy, vous devez avoir raison et je dois être un peu ballot, puisque je n'ai rien compris, m'expliquez-vous, à ce qu'il fallait comprendre dans votre article sur NHU. Mes propos sont assurément les miens. Mais ceux de votre article que je reproduis comme citations sont bien les vôtres, non ? Certes, vous n'avez fait qu'un simple copier-coller de discours que l'on tient trop souvent à l'égard de certains migrants pour en stigmatiser d'autres. Et vous l'auriez fait sans y adhérer ? Là, vous ne répondez pas à mon objection, et c'est la raison pour laquelle j'ai du mal à vous suivre. Je vous rassure : je n'ai pas besoin de consulter de dictionnaire pour connaître le sens des mots "migrant" et "réfugié", puisque vous-même les considérez comme synonymes en écrivant que "le migrant ou le réfugié a eu de tout temps la même motivation à son exode". Vos explications alambiquées, ci-dessus, masquent mal votre embarras. Un billet d'humeur (comme vous le présentez) n'est (apparemment pas) un billet d'amour ni (forcément) un billet d'humour. D'après la définition du Larousse reproduite sur internet (mais oui, je crois être de ce monde et je consulte des dictionnaires), l'humour "s'attache à souligner le caractère comique, ridicule, absurde ou insolite de certains aspects de la réalité". Excusez-moi, mais je ne vois pas ce qu'il y a de comique dans votre article.
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R
Bonsoir Fañch. Et merci de lire et de commenter ce qui se passe dans les colonnes de www.nhu.bzh. Du moins cet article. Vous avez, me semble t-il, une lecture peu saine de cet article. Je vous invite à regarder ce que signifie le mot « migrant » dans les dictionnaires. Qu’il soit devenu quasiment tabou et réservé à un seul usage depuis quelques années est une chose. Mais je pense qu’on doit pouvoir encore l’utiliser pour son sens premier, qui est rappelé dans l’article. Votre esprit, sans doute trop formaté par ce que vous regardez, vous fait tenir des propos qui n’appartiennent qu’à vous et ne figurent nulle part dans cet article, comme votre allusion au comportement du gouvernement italien envers les migrants. Pas les touristes (qui sont par définition des migrants) dont je parle, mais les migrants réfugiés. Oui Fañch, les touristes qui viennent chaque été en Bretagne viennent de l’est. D’autres vont venir par bateaux, par la Brittany Ferries. Et oui ils seront Allemands, Anglais ... et même Français. Comment puis-je nommer un touriste de Clermont Ferrand sinon de touriste français ? Oui également de nombreux touristes vont camper pendant leurs vacances. Vous n’avez jamais campé ? Sinon faire un rapprochement entre le site internet NHU Bretagne créé en 2015 et des tentatives d’attentats des années 90 n’est pas digne d’un homme qui a consacré sa vie au brezhoneg, se prénomme Fañch et met (comme moi) un g à la fin de son nom. A part cela, il y a suffisamment de signes dans l’article pour savoir qu’il s’agit d’humour, et toute personne sensée le comprend très vite. Au pire c’est clairement annoncé en fin d’article. Ne prenez pas tout au sérieux, détendez vous. Ce nouveau monde est difficile à suivre pour certains n’est ce pas ? Sinon vous avez lu d’autres articles parmi les bientôt 700 articles du site qui vous auraient plu ? Merci de nous lire et au plaisir de vous rencontrer un jour. Trugarez. A galon. Rémy
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S
Feiz, mon cher Fañch ( avec un tilde, mar plij),où est passé votre sens de l'humour? Kollet eo, marteze? Ha pelec'h? Je ne vois vraiment pas ce qui vous heurte dans le propos sus-cité... La grande différence entre les migrants dont il est fait état, c'est que certains sont pauvres, issus de contrées lointaines, fuyant des guerres et des désastres économiques, ont besoin d'aide et d'assistance, et arrivent à peu près n'importe quand; enfin, ils sont en général polis, cherchent, dans la mesure de leurs moyens, à s'insérer, essaient de participer à la vie du pays - mon pays - qui les accueillent. Les autres arrivent en gros entre juillet et août, ont de l'argent, se fichent des gens qui les accueillent, voire les méprisent, font grimper les prix, notamment immobiliers, à tel point que les jeunes Bretons soucieux de s'installer n'arrivent pas à acheter, et repartent aussi vite qu'ils sont venus, sans, pour la plupart, avoir fait l'effort d'apprendre quelques mors de breton. Ce sont aussi des migrants, mais beaucoup moins agréables à accueillir, et que je n'ai vraiment envie de recevoir, chaque été, dans mon beau Trégor. A mois qu'ils apprennent la politesse... Mais ça.. Gwelet e vo.<br /> <br /> Gant ma gwellañ soñjoù<br /> <br /> Sparfell<br /> <br /> GS. Ha, mar plij, paouezit gant ar gerioù evel "populisme, xénophhobie.." Pell emaonp dioute.
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Le blog "langue-bretonne.org"
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Votre blog est impressionnant autant sur le fond que sur la forme. Chapeau bas !
Un correspondant occitan, février 2020.

Trugarez deoc'h evit ho plog dedennus-kaer. [Merci pour votre blog fort intéressant].
Studier e Roazhon ha kelenner brezhoneg ivez. Miz gouere 2020. [Étudiant à Rennes et enseignant de breton. Juillet 2020].

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