Stagiaires sur la côte
Stumdi est bien connu comme l'un des centres de formation pour adultes à la langue bretonne. On peut y apprendre le breton en six ou en neuf mois, à temps plein, ce qui ne dispense pas de poursuivre son apprentissage par la suite.
Cette semaine, les stagiaires de Stumdi sont en vadrouille. Ce n'est pas tout à fait le mot. Mais ils sont sortis des murs. J'entends dire qu'il y en a deux groupes à Brest et un à Landerneau, d'autres ailleurs encore. Il y en a également un d'une dizaine de participants, sur la côte nord-ouest, à Lampaul-Plouarzel : ils ont rendu visite à Alphonse Raguénès, éleveur de porcs bio dans la commune voisine, et à l'apiculteur Jo Le Ru, le temps de goûter ses miels et son chouchen. Tout cela pour confronter leur breton d'apprenants avancés à celui de bretonnants du terrain et connus comme tels.
Ayant été sollicité pour intervenir devant ces derniers, j'ai volontiers accepté de le faire. Pendant plus d'une heure, j'ai donc répondu à leurs questions et à celles de leur encadrant du jour, Paskal Marc'heg, par ailleurs responsable de la pédagogie au sein de l'organisme de formation. On a parlé des années 1960, de radio et de télévision, de recherche et notamment de l'Histoire sociale des langues de France… Lors d'une conversation à bâtons rompus, le temps passe vite… Les stagiaires avaient l'ai content.
Ils ont pu feuilleter les derniers numéros de la revue Brud Nevez et les ouvrages édités par Emgleo Breiz. Ils ont apparemment été intéressés par Le trésor du breton rimé de Daniel Giraudon, étonnés de découvrir certes les rimes de l'enfance, mais aussi les grivoiseries bretonnes dont la verdeur les a quelque peu surpris. Sur le coup, je n'ai pas pensé leur dire que les premiers mots de breton qu'apprenait un nouvel arrivant il n'y a pas si longtemps, c'était précisément ceux qu'on qualifie de "gros mots". Il ne faudrait pas oublier d'acquérir aussi ce vocabulaire-là…