Pierre-Jakez Hélias : centenaire de sa naissance
L'écrivain est surtout connu pour son best-seller, Le Cheval d'orgueil. Il aurait eu 100 ans, ce 17 février 2014, à peine six mois avant la première grande déflagration mondiale. Quand son père est revenu du front en 1918, il apprend "un mot français de plus, encore plus bizarre que les autres et qui retentit dans toutes les bouches comme un applaudissement : armistice."
Que nous reste-t-il aujourd'hui de P.-J. Hélias ? Près de vingt ans après sa disparition, son nom est certes connu : l'école primaire publique de Hanvec porte son nom, et d'autres encore. Mais il n'est pas sûr que tous ceux qui parlent de lui l'aient beaucoup lu. La plupart de ceux qui l'ont fait ne l'ont sans doute lu qu'en français et ne connaissent pas son œuvre en langue bretonne. Pour autant, Jakez – puisque c'est ainsi que tout le monde l'appelait – a probablement été au XXe siècle l'écrivain breton dont la notoriété a été la plus forte. Il est aussi un remarquable auteur de langue bretonne.
Le temps est venu d'un autre regard sur Pierre-Jakez Hélias et de la distanciation. C'est précisément ce à quoi s'attelle le dernier numéro de la revue Brud Nevez. On connaissait déjà les thèses de Ronan Calvez sur la radio en langue bretonne et de Mannaig Thomas sur Le Cheval d'orgueil. D'une manière inattendue, Serge Le Roux a pu, quant à lui, étudier le théâtre réaliste d'Hélias en le mettant en perspective par rapport à la tragédie grecque et aux pièces de Racine.
L'actualité d'Hélias ne s'arrête pas là. À Limoges, les éditions Lambert-Lucas viennent de publier une étude originale d'un universitaire de Besançon, Jean Peytard, aujourd'hui disparu, qui apparaît comme une lecture analyse de l'œuvre poétique de Pierre-Jakez Hélias. Faisant appel à la sémiotique, elle se présente comme une promenade à travers sa poésie et c'est, il faut bien le dire, la première du genre. Le même éditeur a publié simultanément une réédition bilingue "D'un autre monde / A-berz eur bed all".
Pour leur part, les éditions Emgleo Breiz – éditeur historique de l'œuvre en langue bretonne de P.-J. Hélias – ont rassemblé en un volume les textes d'Hélias voyageur du monde (Beajour ar bed), jusqu'ici éparpillés et qu'il a rédigés en visitant New York, Boston ou Toronto. Il a de la même manière voyagé en Écosse, de Glasgow à Inverness. Il s'est rendu à Saint Jacques de Compostelle, et en Chine en compagnie de Vercors. Il avait, écrit Maguy Kerisit dans son avant-propos, une manière assez zen de vivre ses voyages.
Une soixantaine de personnes, de tout âge, était présente jeudi 13 février à la Bibliothèque d'études de la ville de Brest pour les rencontres "Brud Nevez", comme c'est le cas une fois par trimestre, pour évoquer la personnalité et l'œuvre de Pierre-Jakez Hélias. Les acteurs de la troupe Penn-ar-bed sont intervenus pour présenter un choix de ses poèmes. Le public a applaudi la jeune Sarah Floc'h, qui suit une formation longue en breton au centre Stumdi de Landerneau, pour son interprétation a capella de "Ar mên du" (La pierre noire).