Ratification de la Charte : le Conseil culturel de Bretagne s'adresse au Premier Ministre
Il y a quelques semaines, le Conseil des Ministres, se basant sur un avis du Conseil d'État, a exclu toute modification de la Constitution en vue de la ratification de la Charte des langues régionales ou minoritaires que la France a signée en 1999. Le Conseil culturel de Bretagne, rréuni en session ordinaire samedi 13 avril à Rennes, sous la présidence de Jean-Bernard Vighetti, a pris position sur ce refus. Il a adopté à l'unanimité (moins une abstention) une résolution à l'adresse du Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault, en lui demandant de recevoir une délégation de ses membres "dans les meilleurs délais".
Le CCB fait part de son "incrédulité" à l'annonce de cette décision, qu'il estime "en totale contradiction" avec les engagements du Président de la République et des membres du gouvernement, en écrivant que "c'est précisément pour dépasser l'hostilité systématique, tant du Conseil d’État que du Conseil Constitutionnel, à la diversité des langues du territoire qu'il faut modifier la Constitution !" Il "n'admet pas que certaines institutions de la République française puissent vouloir s'entêter à maintenir, envers et contre tout, un système jacobin, archaïque et discriminatoire".
Le Conseil culturel affirme que "ceux qui veulent continuer à parler breton, gallo, basque, catalan, alsacien, corse, flamand, occitan, créole ou d'autres langues autochtones présentes sur le territoire français en ont légitimement le droit". Il demande "en quoi cette pratique menacerait-elle a priori l’unité de la République ?" Il fait observer que 24 autres pays européens ont officiellement reconnu la diversité de leurs langues, sans qu'ils se retrouvent pour cela à feu et à sang, et que le Conseil régional de Bretagne lui-même le fait depuis 2004.
Comme s'il faisait discrètement référence au débat toujours en cours sur le mariage pour tous, le CCB affirme que la liberté donnée à chacun de parler sa langue "n'enlèverait rien à personne et n'obligerait aucun individu". La ratification de la Charte par la France, poursuit-il, constituerait à l'évidence un signal fort et hautement symbolique de reconnaissance de la diversité et du respect de la parole politique donnée".
Lire le texte complet de la résolution : R_solutionCCB_Charte_europ_enne_langues__r_gionales_13_04_2013_final