À la mémoire de Per Denez
Pour changer de l’actualité chargée de ce 1er mai 2012, j’ai lu ce soir le n° 390 de la revue "Al Liamm". C'est sûr, on n'est pas là dans le même monde, ni dans celui du travail, ni dans celui du débat politique. Le bimestriel en langue bretonne est consacré presqu'en totalité à une évocation de Per Denez, décédé le 30 juillet 2011 à l'âge de 90 ans. Hommage lui est rendu en une dizaine de contributions, rédigées sous le coup de l’émotion ou sous la forme de souvenirs qu’on égrène. Le temps de l’analyse viendra peut-être plus tard.
Per Denez a été non seulement un enseignant de la section de celtique de l'Université de Haute-Bretagne à Rennes, il a aussi été l'une des personnalités qui se sont le plus impliquées dans la seconde moitié du XXe siècle en faveur de la langue et la culture bretonnes. Le relevé des qualificatifs que lui attribuent les collaborateurs d'"Al Liamm" est impressionnant : le leader, le militant résolu et intransigeant, un symbole, une référence, presqu'une icône, notre maître à tous, le dernier chevalier.
D'un article à l'autre, sont évoqués l'écrivain, l'éditeur, le traducteur, le chercheur, le lexicographe, le pédagogue, et surtout le constant défenseur de la culture, de la langue et du peuple bretons. Au-delà de ses engagements au sein de la fédération Kuzul ar Brezhoneg, on mentionne peu ses fonctions officielles à la tête de l’Institut Culturel de Bretagne ou au Comité économique et social régional. Per Denez a été une personnalité incontournable, et c’est tout quasiment un monument qu'érige la revue en l'honneur de l'un de ses tout premiers collaborateurs. Dans l'intéressante interview qu'avait réalisée la Galloise Rita Williams en 1983, il raconte lui-même ses années de jeunesse et ses débuts itinérants dans l'enseignement comme professeur d'anglais.
Plusieurs de ses amis soulignent combien il savait être affable et attentionné, en particulier à l'égard de ses étudiants. J'ai moi-même rencontré Per Denez à de multiples reprises en tant que journaliste et je peux témoigner de son aménité. Mais son amabilité, il la mettait au service de ses convictions, avec fermeté s'il le fallait. C'est très justement que Tudual Huon écrit qu'il fut un nationaliste breton dans sa jeunesse et qu'il l'a été toute sa vie. Mais il savait être discret à ce sujet quand il le fallait.
On lira certes ici ou là dans ces 80 pages quelque pique à l'égard d'universitaires non-rennais ou à l'égard de militants qui ne partageaient pas son point de vue, sans plus. Mais on lira aussi avec intérêt le récit d'universitaires et d'auteurs d'Outre-Manche et de Catalogne faisant état de leur proximité avec Per Denez. De nombreuses photos de famille en noir et blanc et d’autres, dont l'une où on le voit en compagnie de Roparz Hemon en Irlande en 1975, ainsi qu’un beau portrait en couleur de lui âgé, illustrent les articles de ce numéro d'"Al Liamm".
Pour en savoir plus
Al Liamm – Tir na nOg, n° 390, 2012, 122 p. Contact : par mail.
Le site internet de la revue : http://www.alliamm.com/ Mais le numéro présenté sur le site comme étant le dernier paru remonte au… mois d'août 2008.