Le "bloavez mad" de François Hollande
Les premiers mots de François Hollande, hier soir à Brest, ont été pour souhaiter la bonne année aux Bretons… en breton : les quelque 3 000 personnes qui étaient venues assister à sa réunion publique à Penfeld ont applaudi.
Brest sera, a-t-il dit, "la capitale de la mer en France" en raison de sa position géographique, de sa tradition industrielle et de ses capacités de recherche. De fait, la journée du candidat socialiste à l'élection présidentielle était totalement orientée vers la mer :
- visite d'un sous-marin nucléaire à l'Ile-Longue : il a dit son attachement à la dissuasion nucléaire, mais songe à un livre blanc sur les questions de défense
- rencontres avec les ouvriers de la Sobrena, en attente d'un repreneur : il fera tout, s'il est élu, pour qu'il y ait de la réparation navale à Brest
- échanges sur le thème des énergies marines et de l'éolien : un beau projet, dit le candidat, pour Brest, pour la Bretagne et pour notre pays.
F. Hollande n'a pas manqué de répondre aux attentes de la centaine de journalistes de la presse nationale présents sur place et de réagir aux décisions annoncées la veille par le Président de la République : il a notamment décrit l'augmentation de la TVA comme inopportune, injuste, infondée et improvisée.
Au cours de son meeting, mais aussi pendant sa conférence de presse, il a évoqué "les territoires" comme un atout pour notre pays. Il a annoncé "une nouvelle étape dans la décentralisation", qui accorderait de nouveaux pouvoirs aux collectivités territoriales et aux régions, notamment en matière budgétaire. Mais il a exclu de faire "une décentralisation spécifique pour la Bretagne."
Et les langues régionales ?
Sur la question des langues régionales, il a répondu aux questions de Gurvan Musset et Christian Polet pour France 3 Iroise, en rappelant les déclarations qu'il a déjà faites à ce sujet en d'autres lieux :
- "Je suis attaché à la République une et indivisible. Je suis pour que la langue française soit partout la plus présente possible : c'est notre langue. En même temps, je suis conscient qu'il y a des traditions régionales, des langues qui sont aussi dans notre patrimoine. J'ai pris l'engagement de faire ratifier la Charte des langues régionales. Mais la France ne peut pas ratifier sans avoir modifié sa Constitution : nous la modifierons sur ce point pour permettre la ratification."
- Le candidat ne se prononce pas sur la demande d'une loi-cadre définissant le statut des langues de France : "la Charte, dit-il, sera déjà un point d'appui : elle offre davantage de possibilités pour les enseigner, par rapport à notre système d'enseignement, sans que pour autant la langue française en soit d'une quelconque façon amoindrie. La langue française sera enrichie des langues régionales."
L'un des engagements que devrait adopter le Conseil régional de Bretagne à la fin de cette semaine dans le cadre de sa nouvelle politique linguistique porte précisément sur le vote d'une telle loi-cadre. Des parlementaires du Finistère, présents sur place, envisagent de relayer cette demande auprès du candidat. Maryvonne Blondin, sénatrice du Finistère, et Robert Navarro, sénateur de l'Hérault, vont déposer incessamment une proposition de modification constitutionnelle permettant la ratification de la Charte. Jean-Jacques Urvoas, député du Finistère, et Armand Jung, député du Bas-Rhin, publient ces jours-ci un essai sur "Langues et cultures régionales. En finir avec l'exception française" (aux éditions de la Fondation Jean Jaurès).
Dossier à suivre.