Priziou : le cru 2012
Il s'appelle Gwenael Oillo, et c'est lui le 15e bretonnant de l'année – ou plus exactement le brittophone de l'année – depuis que les Priziou sont décernés par France 3 Bretagne. Il a été primé pour sa créativité et pour la qualité de son travail dans le domaine de la vidéo et sur internet. Visant Roue, membre du jury en tant que responsable du pôle développement de l'Office de la langue bretonne, y voit toute une symbolique : Gwenael Oillo a suivi toute sa scolarité à Diwan, et une trentaine d'années après l'ouverture de la première école par immersion, c'est "l'émergence d'une nouvelle génération".
Les autres lauréats
Comme cela était assez facilement prévisible, les six autres prix ont été décernés à…
- l'association "Babigoù Breizh" (Bébés de Bretagne) dans la catégorie "associations", pour l'ouverture à Vennes d'une crèche parentale où l'on parle le breton aux tout petits enfants
- Mai Lincoln et Erwan Kemarrec, dans la catégorie "documentaires" : ils ont tourné "Din-me da c'hoari" (A moi de jouer), un beau portrait d'Erwan, étudiant handicapé pratiquant le handifoot à un haut niveau (coproduction Kalanna et France Télévision)
- la ville de Carhaix dans la catégorie "institutions publiques", pour avoir utilisé le breton en sus du français lors du passage du Tour de France dans la ville et pour avoir demandé et obtenu que des questions relatives à la connaissance du breton soient posées dans le cadre du recensement
- Yann Biger, écrivain déjà reconnu, pour son roman "Torrebenn" sur la révolte des Bonnets Rouges en pays bigouden (éd. Al Liamm)
- la société "Askorn Médical", de Cesson-Sévigné, dans la catégorie "économie" : cette société, dont le directeur est le capiste Denis Pichon, est spécialisée dans le management des systèmes médicaux, et elle utilise le breton dans sa signalétique et pour sa promotion
- la chanteuse Lleuwen dans la catégorie "disque chanté en breton" : d'origine galloise, elle vient de s'installer en Bretagne et de sortir son premier disque en breton, "Tan" (Du feu).
Les Priziou ne sont plus seulement les prix de la création en breton comme ils l'étaient depuis toujours : ils sont aussi désormais "les prix de l'avenir de la langue bretonne". Cette inflexion (voir message du 7 décembre 2011) fait suite à l'accord que vient de passer France 3 avec l'Office public de la langue bretonne en ce sens, et c'est ce qui explique l'apparition cette année de trois nouvelles catégories de prix (associations, institutions, monde économique) prenant en compte les nouveaux usages sociaux de la langue.
Il en résulte une cérémonie des Priziou d'une tonalité différente. Les Priziou se sont quelque peu transformés, mais la concurrence, si je puis dire, ne peut que s'en féliciter. Je me souviens d'une interminable remise de prix par l'OLB au même endroit il y a quelques années devant une salle presque vide : en passant à la télévision, les "prix de l'avenir du breton" gagnent énormément en visibilité.
Présentation impeccable
Goulwena an Henaff est une habituée des Priziou, puisqu'elle les présentait cette année pour la 13e fois. Elle fonctionnait en duo cette fois avec le comédien Yann-Herle Gourves. Très belle tenue de soirée pour l'un et l'autre. Tous deux ont le sens de la scène. Ils ont présenté à chaque intermède un sketch inattendu de leur composition, sur un ton décalé, avec quelques jeux de mots et allusions en forme de clins d'œil.
L'animation musicale était assurée le groupe Alambig Electrik, que le programme n'hésitait pas à présenter comme une formation "qui distille la transe des samedis soirs en Bretagne" (sic). Elle porte apparemment bien son nom puisqu'elle serait "une gnole dansante vitaminée au BPM". Rien de moins. Les BPM ? Les battements par minute, sans doute. Le public a apprécié.
Les lauréats ont reçu comme d'habitude un trophée sous forme d'une pièce unique, forgée cette année par le sculpteur Jean-Loup Le Cunff. Un trophée celtique à souhait, puisqu'il représente un statère de l'époque gauloise. L'Office de la langue bretonne a concrétisé son partenariat avec France 3 Bretagne en remettant en outre à chaque lauréat un chèque d'un montant de 1 500 €.
Yann-Herle Gourves a été parfait en distributeur de chèques : tous les nominés non primés et présents ont reçu de ses mains un chèque de 500 €. C'était une innovation ddes Priziou 2012.
Outre Visant Roue, déjà cité, le jury était composé de Paskal Nignol (Musée de Bretagne, Rennes), Jean-René Le Moullec (Skol an Emsav, Rennes), Anne Gouérou (rédactrice en chef des radios associatives), Anne-Claire Quiviger (Agence culturelle bretonne de Loire-Atlantique), Per Lavanant (Centre culturel de Lannion), Jos Sicard-Cras (Mervent). C'est sur une centaine de dossiers que le jury a sélectionné 21 nominés dans un premier temps, puis attribué les 7 prix qui ont été décernés vendredi.
Pour en savoir plus :
Voir ou revoir la cérémonie des Priziou sur le portail en langue bretonne de France 3 : http://www.france3breizh.fr/
Le site perso de Gwennael Oillo : http://bedbrezhoneg.free.fr/
Le site d'Alambig Electrik : http://alambigelectrik.com/
Voir sur ce blog : l’album photo des Priziou