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Le blog "langue-bretonne.org"
24 janvier 2012

La politique linguistique devant le Conseil Culturel de Bretagne

gallésants manif-1Le Conseil Culturel de Bretagne s'est réuni comme prévu samedi dernier pour débattre surtout du projet d'actualisation de la politique linguistique qui sera soumis la semaine prochaine au Conseil régional de Bretagne. Cette session du CCB a été pour la première fois le théâtre d'une mini-manif dans les rangs du public : lors de l'intervention de Lena Louarn, Vice Présidente en charge des langues de Bretagne, une quinzaine de militants gallos se sont levés pour l'écouter debout, un masque blanc sur la bouche, comme pour signifier qu'ils n'avaient pas le droit de s'exprimer en leur langue.
Plusieurs responsables d'associations gallèses, notamment Bértran Ôbrée, le directeur de Chubri, ont fait part de leurs inquiétudes par rapport aux mesures prévues en faveur du gallo dans le nouveau plan de politique linguistique, qu'ils jugent insuffisantes.
Lena Louarn leur a assuré
qu'elle les recevrait dès le 9 février pour faire le point sur l'action régionale en faveur de la langue gallèse.
L'avis voté en assemblée plénière par le CCB reflète ces inquiétudes. Il demande que soient mises en œuvre des procédures innovantes pour l'ouverture de filières d'enseignement du gallo pouvant conduire à un bilinguisme gallo-français. Il suggère en outre que soit établi un état des lieux approfondi sur la situation du gallo, de manière à concevoir une politique redonnant de la légitimité à la pratique du gallo par ses locuteurs.
La manifestation gallèse de samedi n'a pas été du goût du représentant de l'Institut culturel de Bretagne au sein du CCB, Alain Monnier, par ailleurs membre du CESER. Selon la déclaration par lui transmise à l'Agence Bretagne Presse, ces "prétendus" défenseurs du gallo "ont eu une attitude volontairement offensante" : en manifestant masqués, ils se seraient transformés, dit-il, "en clones d'un dirigeant d'extrême-droite". C'est le propos d'Alain Monnier qui est offensant, et manifestement excessif : ce n'est quand même pas la première fois que des militants linguistiques manifestent ainsi avec la main ou un masque sur la bouche.

L'avis circonstancié du CCB
C'est par 48 voix contre 6 et 3 abstentions que le Conseil Culturel a voté son avis sur le projet d'actualisation de la politique linguistique. C'est un avis positif, mais critique sur plusieurs points. On peut en retenir les éléments suivants.

  • En premier lieu, le CCB "apprécie que la politique linguistique ait été élaborée en continuité de celle qui a été votée en 2004. Il considère comme très positif que le texte reprenne les principes fondamentaux posés en 2004 et confirme l'ensemble des politiques engagées au cours du mandat précédent."
  • Il apprécie de la même manière "la volonté de la Région de parvenir à une généralisation de l'enseignement des langues de Bretagne."
  • Mais le CCB a clairement émis des réserves sur quelques-unes des dispositions annoncées dans le nouveau plan de politique linguistique. Il souhaite ainsi que "l’Office Public de la Langue Bretonne soit confirmé dans son rôle de référent mais n’exerce aucune fonction de contrôle".
  • Il demande par ailleurs au Conseil Régional "de retirer la disposition donnant mission à l’Office de la langue bretonne de 'veiller à la bonne utilisation des normes linguistiques', ce qui introdui[rait] un contrôle de celui-ci sur les acteurs culturels et les médias."
  • De la même manière, le Conseil Culturel "souhaite vivement que le nouveau dispositif pour le soutien aux traductions en langue bretonne ne soit pas limité aux ouvrages rédigés dans une seule des orthographes en usage. En outre, il est fortement souhaitable [aux yeux du CCB] que, afin de respecter la liberté éditoriale, le politique n’intervienne pas dans les choix esthétiques."
  • Le Conseil culturel de Bretagne s'interroge enfin sur certaines affirmations contenues dans la première partie du document, concernant par exemple "la limite traditionnelle entre le breton et le gallo" qui aurait perdu peu à peu de son sens. Le CCB à cet égard "propose que la signalétique soit au minimum français breton en Basse-Bretagne et français gallo en Haute-Bretagne."

Cette importante prise de position du Conseil Culturel de Bretagne est nette et n'avait sans doute pas été anticipée. Il reste à voir comment elle va être prise en compte par le Conseil régional lors de sa séance du 2 février prochain.

Pour en savoir plus :
le texte complet de l’avis du CCB sur la politique linguistique : CCB_Avis_politique_linguistique

Commentaires
J
Si le KLTG est la forme écrite et littéraire du breton et de ses variantes, le français n'est-elle pas celle, entre autres, du gallo ? L'ouverture d'esprit ne serait elle pas plutôt à réclamer auprès des francophones de France, souvent peu disposés à entendre une variante de leur langue ?
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J
Félicitations au CCB d'avoir réagi à d'étranges dispositions du rapport "actualisation de la politique linguistique pour la Bretagne".<br /> <br /> Ne pouvant accèder à ce rapport sur le site du conseil régional, je suppute qu'il est dans la ligne emblématique : " statut particulier pour le brezhoneg", le gallo en seconde ligne-alibi ??? Je ne demande qu'à être détrompé et trouve anormal qu'un texte discuté pour avis en séance publique ne soit pas mis à la disposition du citoyen bien avant sa dicussion. Le site du conseil régional est certes peu naviguable et je ne suis que marin très ordinaire, marin cependant : si ce rapport est accessible, merci à qui fournira le lien. Le dit site coûte certainement cher au contribuable, sans contribuer à la transparence démocratique nécessaire !<br /> <br /> <br /> <br /> Sur la signalétique : il est étonnant que sur les voitures des TER, l'affichage ne soit que bilingue : un affichage trilingue ne coûterait quasiment rien; de plus celà ne demande qu'une décision de la seule "Rannvro BREIZH". Je verrais bien (comme le CCB) que les pancartes d'entrée de Rennes soient trilingues ou francais-gallo. Quand je vois à l'entrée de Plouaret, les pancartes "Plouaret -Plouared" je me demande si c'est vraiment dû à la subtile expression orthographique des consonnes finales dures ou non ???<br /> <br /> <br /> <br /> Le français régional politiquement correct conduit à de ravissantes contorsions sémantiques sur l'emploi du mot "breton". Ne serait-il pas grand temps de se pencher sur ce phénomème local ? Les langues de Bretagnes ne sont-elles pas les langues bretonnes : le brezhoneg et le gallo ? etc ...<br /> <br /> <br /> <br /> JLP
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P
Je partage le point de vue précédent (Brikoli). Toutefois il faut bien reconnaître que la survie et l'expansion du brezhoneg sont trop souvent l'objet d'instrumentalisations politiciennes dont quelques unes vont fort loin ! Celà est fort regrettable pour la cause du brezhoneg et peut expliquer l'exaspération de ci-dessus d' arTychoh
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B
Il ne faut peut-être pas tout confondre. Les années 30, ça remonte à près d'un siècle. Beaucoup de choses ont changé depuis. On dirait qu'Artychoh veut lui-même jouer aux ayatollahs : il ferait bien lui aussi d'arrêter de fantasmer. Il y a bien d'autres façons d'aborder les questions de la langue et de la nation, et on peut s'intéresser à l'une sans s'occuper de l'autre. Non aux anathèmes.
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A
Les ayatollahs bretonnisants ne nous imposeront pas leur langue bricolée, sortie du néant, langue d'une nation bretonne complétement fantasmée par des néo-nazis durant les années 30.
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Votre blog est impressionnant autant sur le fond que sur la forme. Chapeau bas !
Un correspondant occitan, février 2020.

Trugarez deoc'h evit ho plog dedennus-kaer. [Merci pour votre blog fort intéressant].
Studier e Roazhon ha kelenner brezhoneg ivez. Miz gouere 2020. [Étudiant à Rennes et enseignant de breton. Juillet 2020].

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