Bretagne, qui es-tu ?
Voilà une assez drôle de question. C'est l'intitulé d'un nouveau blog qui, depuis la mi-février et pendant trois mois, sollicite les Bretons et ceux qui ne le sont pas sur l’identité de la Bretagne. En fait, c'est le Conseil régional de Bretagne qui a engagé, avec le concours de l’Agence économique de Bretagne et celui du Comité régional du tourisme, une étude sur ce sujet. Des spécialistes ont été contactés par questionnaire, mais chacun peut s'exprimer sur le blog.
Les différents aspects de ce qui peut constituer l’identité de la Bretagne sont abordés :
- l’identité « visible » : paysages, climat, patrimoine, vie culturelle, sportive, économie, démographie…
- l’identité « psychologique » : tempérament des habitants, héritage de l’histoire, rapport aux langues, place du merveilleux…
- l’identité « symbolique » : personnalités emblématiques, lieux symboliques…
L'expression "identité psychologique" pour parler des langues me paraît assez curieuse. Toujours est-il qu'une page du blog est dédiée au breton sous un titre qui ne peut qu'attirer des réactions (et même si la question de la langue bretonne ne se pose pas qu'en ces termes-là) :
"Quelle défense de la langue bretonne ?"
Plus de 80 commentaires ont été postés à ce jour. Les contributeurs dialoguent entre eux. Différents thèmes sont évoqués :
- quel breton apprendre ? quelles sont les meilleurs méthodes de breton ? faut-il encore s'intéresser aux dialectes ? Ou appendre la langue standard ?
- l'éventualité de la disparition du breton : "la langue bretonne en est à son crépuscule…" dit l'un. "Les statistiques sont désespérantes", dit l'autre. Quelle idée les jeunes se font-ils réellement de la langue bretonne ? Le bretonnant traditionnel n'a-t-il pas "une image ringarde" chez les jeunes ?
- la non-transmission de la langue aux enfants
- comment la langue peut-elle revenir dans notre quotidien ? Le breton ne serait plus la préoccupation principale pour la population. "Sur quelles bases peut-on repartir ?" : est-ce grâce à la poésie, ou grâce à la musique ? ou par d'autres mesures ? Mais sur le blog jusqu'à présent, on parle peu de ces autres mesures (enseignement…)
- "L'avenir du breton est porté à bout de bras par les associations culturelles". La grande majorité des Bretons ne connaît rien à la langue bretonne…
- "Personne, ni aucune loi n'empêche quiconque de parler breton chez lui."
Certains propos sont manifestement erronés. Un commentaire prétend ainsi qu'il "est impossible de savoir le nombre de bretonnants" : mais ce n'est pas parce qu'il n'y a pas eu de question à ce sujet dans le cadre des recensements qu'on ne peut pas évaluer le nombre des locuteurs, ni pour le passé ni pour le présent. On cite toujours la fameuse phrase d'Anatole de Monzie selon laquelle "la langue bretonne doit disparaître" : mais d'après un article de Georges Cadiou dans "Le Peuple Breton", il n'est pas du tout certain qu'il l'ait prononcée…
Des expressions inattendues sont utilisées : ainsi la langue bretonne serait pour la Bretagne "son ADN"…
Je ne vais pas analyser ici tout ce qui s'écrit sur ce blog concernant la langue bretonne : les initiateurs de l'enquête le feront sûrement en temps opportun. En tout cas, ce n'est pas sans intérêt et le débat paraît tout à fait ouvert.
http://www.bretagne-qui-es-tu.com/