Quand les Petites Folies affolent le public
Elles n'ont pas encore la réputation d'un grand festival. Mais il n'y a peut-être jamais eu autant de monde que le week-end dernier à Lampaul-Plouarzel, pour la huitième édition d'un festival joliment nommé "Les Petites Folies". Car elle représente un record de fréquentation. J'ai les chiffres : 11 500 entrées sur deux jours, dont 9 200 payantes, 1 200 enfants, 300 bénévoles, etc. Il y a sensiblement eu plus de monde le vendredi soir. Bref, c'était petites et grandes folies durant deux jours dans cette commune littorale au nord-est de Brest, mais sans incident majeur et sans excès. "Une bonne ambiance à tout point de vue", dit Gilles Kerebel, le président, qui parle carrément d'un week-end "fabuleux".
Nouvelle dimension
À sa création, le festival était multisite, mais c'est Lampaul qui l'organise seul désormais au "théâtre de verdure de Porspaul", s'il vous plaît : nouvelle appellation chic qui se substitue au lieu qui n'était connu jusqu'à présent que comme "le trou de Porspaul".
Il a clairement changé de dimension. L'an dernier, les organisateurs ont été à deux doigts de jeter l'éponge : pas assez d'entrées, un budget trop serré. Cette année, ils ont fait appel à des producteurs et tourneurs comme Neonovo et surtout Caramba spectacles.
Neonovo, une société basée à Lanester, était déjà dans la boucle, puisque son responsable, Yann Autret, est également le directeur des Petites Folies. Il connaît bien tous les milieux de la musique puisqu'il préside le syndicat des sociétés de production en France. Dès aujourd'hui, Neonovo se veut "créatif pour le monde de la musique de demain" : tout un programme.
Quant à Caramba, c'est une société de production de spectacles basée à Paris, dont le gérant, Luc Gaurichon, est le plus connu des producteurs dans le monde artistique et musical. Caramba se félicite effectivement sur son site de contribuer à "une nouvelle évolution du festival [des Petites Folies] avec une programmation plus ambitieuse", c'est dire son implication. C'est avec son concours que des artistes comme Imany ou Claudio Capéo se trouvaient à l'affiche ce week-end à Lampaul. Dès sa première année de présence, elle avait délégué sur place une équipe d'une demi-douzaine de personnes.
La programmation 2018, plus homogène, a tranché par rapport à celle des années passées : plus "grand public et famille" le vendredi, plus rock ou décalée et donc plus "jeune" le samedi, DJ et électro les deux jours après minuit. L'information autour de l'événement a été beaucoup plus présente dans la presse et sur les réseaux sociaux au travers d'interviews et d'articles multiples et variés, la communication plus pointue et la promotion des artistes bien plus active. L'organisation aussi s'est améliorée avec le doublement du nombre de bénévoles, mis à part de longues files d'attente un peu partout le vendredi. Gwenaelle Théaud est venue sur place pour TF1 et s'est intéressée à eux, mais son reportage n'est pas passé ce soir comme espéré.
Quelle évolution d'ici 2019 ?
J'avais croisé le Brestois Gérard Pont sur le site l'an dernier (et il se dit qu'il y est revenu cette année). Je l'ai connu comme producteur TV lorsque je m'occupais des programmes en breton de France 3 Ouest. Il est aujourd'hui, notamment, le patron du groupe Morgane production et le directeur des Francofolies de La Rochelle. Il s'étonnait qu'une manifestation comme Lampaul ne bénéficie d'aucune des aides qu'attribue le ministère de la Culture aux petits festivals. Tout est changé, vous dis-je : le logo du ministère figure sur le programme 2018, c'est un signe.
J'en ai entendu plusieurs ce week-end comparer les Petites Folies au festival du Bout du monde de Crozon. On en est loin, car le site actuel de Lampaul ne peut accueillir plus de 5 à 6 000 spectateurs par jour, quand le Bout du monde en reçoit 20 000 par jour sur plusieurs jours. Gilles Kerebel se donne le temps de la réflexion. Ce n'est qu'en septembre prochain que commencera pour de vrai la préparation de l'édition 2019 des Petites Folies lampaulaises. Ce qui devrait changer la donne pour l'avenir, c'est l'intérêt du public pour la formule 2018. Et le nouveau regard des producteurs pour un festival qui jusqu'à présent était resté modeste, mais qui peut encore se permettre de grandir, un peu, plus sur le plan qualitatif que sur un plan quantitatif. Sauf si…
Lire aussi le message précédent : le groupe Mask ha gazh aux Petites Folies 2018.