Le couac de l'inauguration du bronze Pierre-Jakez Helias
La presse quotidienne régionale, tant Ouest-France que Le Télégramme, a salué à juste titre le bel hommage qui a été rendu samedi matin à Quimper, boulevard de Kerguelen, à la mémoire de Pierre-Jakez Hélias. On le doit d'abord au sculpteur Pierre Toulhoat, qui avait imaginé ce bronze dès 1999. On le doit aussi à la persévérance de son fils, Yves, et à tous ceux qui se sont mobilisés pour qu'il trouve enfin sa place en plein cœur de la ville de Quimper (voir message précédent).
J'avais trouvé ahurissant que rien n’ait été dit en breton lors de cet hommage. Je l'ai dit au maire de Quimper, Ludovic Jolivet, et n'ai pas été le seul à le faire, puisque la chanteuse Andrea ar Gouilh l'a également interpellé à ce sujet. Mais ce n'est pas seulement la question du breton : on n'a pas entendu la moindre allusion à l'œuvre d'un écrivain majeur. On aurait pu au minimum citer Le cheval d'orgueil et faire état du succès de ce livre, citer aussi la version bretonne Marh al lorh…
Le Télégramme a fait écho à ma protestation en la présentant comme "le coup de gueule de Fanch Broudic". L'écrivain Angèle Jacq s'est "indignée" à son tour sur le site du quotidien :
- "Désolant, écrit-elle. La langue bretonne fut dramatiquement absente de cette cérémonie […]. La mairie de Kemper ne devrait tout de même pas oublier qu'elle se veut capitale de Kerne."
Sur le site de son agence ABP (Agence Bretagne Presse), Philippe Argouach – qui cite Le Télégramme et paraît ignorer l'existence de ce blog - écrit pour sa part :
- "Paradoxalement, aucun mot breton ne fut prononcé alors qu'Hélias fut un monument pour préserver et faire vivre cette langue."
Bon. Comme son visage est désormais figé en ce monument qui lui est dédié, on ne va pas instrumentaliser Hélias contre qui que soit – il n'aurait pas apprécié. Puisqu'Emgleo Breiz (dont je me suis occupé de longues années) a été l'éditeur historique de son œuvre en langue bretonne et qu'il a également publié dans les revues Brud et Brud Nevez, j'ai voulu rappeler combien il avait été un éminent bretonnant tout comme un auteur éminent. Le bronze de Pierre Toulhoat est conçu pour que nous en gardions la mémoire.