Une colère territoriale : étonnant édito
L'éditorial que signe Michel Urvoy ce matin dans Ouest-France est d'une tonalité inhabituelle. Il se présente comme une lettre ouverte au président de la
République, François Hollande.
Il joue tout d'abord sur la connivence et sur la proximité du Président avec les élus de Bretagne qu'il a fait entrer dans son gouvernement. Il présente ensuite un constat :
- "L'Ouest souffre. Se désespère […]. L'agroalimentaire, la téléphonie et l'automobile, les trois piliers qui l'ont porté, vacillent ensemble."
Michel Urvoy voit monter "une colère territoriale. Sociale. Fiscale. Électorale." Il compare la révolte concernant les portiques de la taxe carbone rien moins qu'à celle du Papier timbré en 1675.
Les trois régions de l'Ouest ont pourtant, dit-il, des atouts :
- des identités fortes : ce concept, surtout invoqué en Bretagne, est également attribué ici à la Basse-Normandie et aux Pays de la Loire
- un sens aigu de la solidarité
- une sensibilité aux engagements de proximité.
L'éditorialiste de Ouest-France est convaincu que Bretons, Normands et Ligériens seraient prêts à transférer leurs produits d'épargne "hors sol et hors réalité" vers des investissements productifs.
Son diagnostic se termine par une proposition exprimée avec force :
- "décuplez les ridicules prérogatives politiques et fiscales des Régions et des Métropoles"
- "libérez nos pâles collectivités pour en faire des länders à la française, capables de penser le futur."
Voilà une prise de position qu'aucun parti régionaliste ou décentralisateur n'avait pu jusqu'à présent relayer aussi largement. Il est certain qu'elle rejoint la pensée de nombre de décideurs, ici et ailleurs. Il est vrai que la conjoncture s'y prête.
Mais comment vont réagirles élus des régions concernées ? Le gouvernement est-il disposé à prendre en compte de telles propositions à partir du moment où elles sont exprimées par le premier quotidien de France ? Pourraient-elles vraiment être adoptées et mises en œuvre d'ici les prochaines élections régionales qui n'auront lieu qu'en 2015 ? Si l'urgence est celle qui est décrite, cela s'imposerait. Mais est-ce vraiment possible ?
Pour en savoir plus : le texte de l'édito en ligne