30 ans après : Anjela Duval à la une
Peu de poètes de langue bretonne – et surtout peu de femmes poètes - ont la notoriété d’Anjela Duval. Cela va faire 30 ans qu’elle est décédée. Cet anniversaire va à nouveau beaucoup faire parler d’elle : les organisateurs du Festival du livre de Carhaix ont choisi de donner un coup de projecteur sur sa vie et sur son œuvre le week-end prochain.
Une association intitulée « Chas Plasenn Anjela-Duval » (Les chiens de la place Anjela Duval, par allusion à ceux qu’avait la poétesse dans sa ferme de Traoñ an Dour) s’est constituée au Vieux-Marché (22). Cette association que préside le réalisateur Sébastien Le Guillou, lui-même résidant dans la commune, s’est fixé comme objectif d’ériger une statue à son effigie « afin de garder vivant le souvenir de cette écrivaine, grande défenderesse de la langue bretonne, de sa culture, de son pays, de sa terre. »
Elle a organisé à cet effet une souscription publique (qui n’est pas close !), mais elle a pu obtenir aussi le concours des collectivités territoriales. La statue est quasiment terminée : elle est l’œuvre de Roland Carrée, un sculpteur originaire de Loudéac, résidant actuellement dans le Trégor. Elle sera inaugurée le 6 novembre.
Une histoire de deuils impossibles
Mais quel regard jeter sur le parcours et sur l’œuvre d’Anjela Duval, trente ans après sa mort ? Marcel Diouris, bretonnant de naissance, l’a bien connue puisqu’il a été son voisin le plus proche au Vieux-Marché. Sa carrière le mène ensuite vers l'Université, où il enseigne la biochimie et la physiologie végétale. À l’âge de la retraite, il entreprend des études de breton à l’UBO. Après ses années de licence, il consacre son mémoire de master à Anjela Duval, dont il reconnaît n’avoir lu jusque là que quelques poèmes.
Ce que découvre Marcel Diouris à la lecture de l’œuvre complète d’Anjela Duval (éditée en 2000 par l’association Mignoned Angela, à l’initiative de Ronan Le Coadic), c’est qu’avant Anjela il y a Angèle… Elle n'a jamais quitté sa ferme ni ses parents : leur décès la plonge dans la mélancolie. C'est alors que naît Anjela : grâce à l’écriture en breton, elle va reconstruire son “moi”. La paysanne pauvre devient un écrivain reconnu. Sa poésie, et la télévision française, la font accéder à la célébrité. Elle épouse toutes les causes du nationalisme breton, elle est critique sur la société de son temps... Intimement mêlés, sa vie et son œuvre s’inscrivent dans une histoire de deuils impossibles.
C’est précisément sous ce titre qu’est publié ces jours-ci le travail de Marcel Diouris, qui analyse d’un regard neuf ce qu’ont été les convictions et l’engagement d’Anjela Duval. Le livre va surprendre parce qu’il s’appuie sur une analyse thémathique de sa poésie et qu’il confronte le vécu de paysanne d’Angèle Duval, marqué par le cycle des saisons et le travail des champs, et la nouvelle identité bretonne à laquelle adhère Anjela Duval dans l’idée de préparer un nouvel avenir pour la Bretagne.
Agenda
- 29 et 30 octobre : Festival du livre de Carhaix, avec une conférence de Yann Talbot au sujet d’Anjela Duval le dimanche après-midi.
- 6 novembre : inauguration de la statue d’Anjela Duval au Vieux-Marché.
- Marcel Diouris présentera et signera son livre « Anjela Duval. Une histoire de deuils impossibles » pendant le Festival du livre de Carhaix sur le stand d’Emgleo Breiz, et le 6 novembre au Vieux-Marché. Le livre sera disponible en librairie début novembre.