Vincenzo Vecchi devrait pouvoir rester à Rochefort-en-Terre
Quand on se promène dans la rue principale de la cité qui fut le village préféré des Français en 2016, on ne peut pas ne pas voir aux fenêtres les banderoles et les affichettes de soutien à Vincenzo. L’Italien s’y est installé en 2009, au moment où la Cour d’appel de Gênes le condamnait à de lourdes peines de prison pour sa participation à des manifestations contre le G8 en 2001. Depuis 2016, l’Italie demande son extradition à la France, lançant un mandat d’arrêt européen à son encontre.
L’affaire a donné lieu à plusieurs procès à rebondissement. Elle vient d’être tranchée par la Cour d’appel d’Angers par un arrêt minutieusement argumenté selon son avocate, Me Glon : "en aucun cas, en France, a-t-elle déclaré à Ouest-France, pour ces faits, il n’aurait pu être condamné à une peine d’ordre criminel basé sur une loi fasciste" datant d’avant la Deuxième Guerre mondiale. Dans Le Télégramme, elle ajoute que ce jugement est "une claque pour l’Italie".
Sur son site, le comité de soutien à Vincenzo s’est aussitôt réjoui de cette décision intervenant après seize mois de procédure : "cela signifie, écrit-il, que les juges français refusent que le mandat d’arrêt européen serve à condamner à une peine injuste un simple manifestant".
"On a bossé", me confirme Anne Burlat au téléphone. Bien connue dans le Finistère et au-delà pour son implication, en compagnie de Jakez Kerhoas, dans l’organisation des grandes fêtes maritimes de Brest, de Douarnenez et d’ailleurs, elle vit aujourd’hui à Rochefort-en-Terre. "C’est une victoire, dit-elle, mais pas à 100 %". D’une part, le parquet pourrait encore interjeter appel. D’autre part, la Cour d’appel d’Angers demande à l’Italie un supplément d’information à propos d’un reliquat de peine qu’il reste à Vincenzo à purger. La question est de savoir s’il pourrait le faire en France.
Une tribune dans le journal Le Monde
Signe que l'affaire Vincenzo Vecchi n'est pas anodine, le journal Le Monde a publié dans son édition datée du 5 novembre, une tribune signée par plus de quatre-vingt-dix personnalités, dont notamment les anciennes Ministres de la Justice Marylise Lebranchu et Christiane Taubira, les cinéastes Lucas Belvaux, Robert Guédiguian et Volker Schlöndorff, les écrivaines Hélène Cixous et Annie Ernaux. Parmi les signataires, on trouve également des Bretons, tels l'auteur de BD Kris, le plasticien Yann Kersalé, l'auteure Caroline Troin, Florent Villard, professeur à Sciences Po Rennes…
Ce que font observer les signataires, c'est que l'un des fondements du mandat d'arrêt européen est la confiance réciproque entre les États. "Dans le cas présent, ajoutent-ils, la justice italienne ayant délibérément dissimulé la vérité à la justice française, il semble que la confiance fasse défaut" et que les faits qui sont reprochés à Vincenzo Vecchi ont été surqualifiés.
Pour en savoir plus : le site internet du comité de soutien. Le texte de la tribune est également accessible sur ce site avec la liste des signataires.
Les photos ont été prises le 14 septembre 2019.
Mise à jour : 6 novembre 2020, 16h58.