"Que vas-tu devenir, petit pays ?"
Quelques heures après avoir posté le message précédent sur Breiz Atao, je viens de lire et de relire cet article d'Erik Fosnes Hansen, l'un des plus grands écrivains norvégiens, sur une pleine page dans Le Monde du 5 août. C'est un texte d'une très grande et d'une très belle densité. Il réagit aux événements qui ont lieu dans son pays. Il parle d'Oslo, une ville "un peu ennuyeuse, mais paisible" et de Norvegia felix, la Norvège heureuse, démocrate, prospère, réputée pour son art de vivre, un pays "parfois un peu provincial et étroit d'esprit", écrit-il quand même.
La liberté d'opinion y règne depuis 1814, si ce n'est pendant la dernière guerre quand Quisling, un Führer local qui se croyait investi d'une mission européenne, y avait pris le pouvoir. Avec la tuerie d'Oslo, la Norvège tout à coup redécouvre la haine, le nom et le visage d'Anders Behring Breivik, ses chimères, ses projets. Breivik, dont l'écrivain ne veut plus dire le nom et qu'il voudrait pouvoir oublier.
La Bretagne n'est pas la Norvège, c'est évident, et elle n'a ni la même histoire ni le même présent. L'intérêt du texte d'Erik Fosnes Hansen est qu'il réfléchit à ce que peut maintenant devenir son petit pays un peu ennuyeux dans les termes suivants :
- "désormais, nous savons qu'une haine paranoïaque et oublieuse de l'histoire fleurit sur internet – même s'il ne s'agit que de groupuscules. Mais il suffit d'une infime minorité, d'une seule personne […]. Nous savons quel danger potentiel il y a à tolérer l'intolérable et la xénophobie. Il faut ouvrir un débat sur cette rhétorique de la haine."
Le propos de l'écrivain norvégien nous interpelle aussi, forcément.