Glenmor : un anti-portait
Oui, c’est un peu un anti-portrait de Glenmor qu’a proposé Philippe Guilloux dans le film qui vient d’être diffusé sur France 3. Bien sûr, on y entend Milig plaider pour l’autonomie et même pour un État breton et plusieurs de ses proches expliquer qu’il n’était pas évident d’être nationaliste breton dans les années soixante-dix. Chez Polac, il répondait sèchement aux questions qu’on lui posait sur son chant de marche de l’ARB. Une série de photos en noir et blanc face à un micro rappelle les coups de gueule qui choquaient parfois son public. Pour Yann Puillandre lui-même, il fallait bien que quelqu’un commence, mais tout cela n’était finalement que de l’activisme verbal.
Le documentaire de Philippe Guilloux propose un itinéraire sur les pas du chanteur et au-delà du mythe, présente un personnage contradictoire, beaucoup plus mesuré en privé que sur scène. Il pouvait être dur avec ses amis, et Fañch Bernard sait apparemment de quoi il parle. Il bousculait ses amis, et Xavier Grall s’en est bien rendu compte. Mais il savait aussi être amoureux et le dire en chanson.
Katell est extraordinaire à deux reprises. Elle est émue quand elle parle de ses premières années à Bruxelles en compagnie de Glenmor : on ne rencontre un Glenmor qu’une fois dans sa vie, et heureusement ! Elle est cruelle et redoutable quand elle évoque leur séparation : il est devenu un séducteur, il est devenu comme tout le monde, un Français !
C’est un mot du peintre Alain le Nost qui donne son titre au film : Glenmor, dit-il, c’était l’éveilleur et il a rendu sa dignité à la Bretagne. Le barde, explique pour sa part Daniel Yonnet, se servait de l’actualité, la marée noire par exemple, pour crier sa colère ou son admiration. Il était pour la langue bretonne, mais selon Gilles Servat, il trouvait absurde de fabriquer des mots que personne ne comprend. Finalement, Sterenn dit sans doute involontairement le mot juste à propos de son père, lequel avait assurément le gwenn-ha-du dans le cœur : rien n’est jamais noir, rien n’est jamais blanc.
Un film à voir ou à revoir (voir message précédent).
Pour en savoir plus :
Lire dans le numéro de mai du magazine Armor une interview de Philippe Guilloux à propos du film qu'il a réalisé sur Glenmor : "l’icône qu’il est devenu, explique-t-il, m’intéresse moins que l’homme, le personnage, ses failles, sa générosité, son talent."