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Le blog "langue-bretonne.org"
18 juin 2011

Glenmor : un anti-portait

Oui, c’est un peu un anti-portrait de Glenmor qu’a proposé Philippe Guilloux dans le film qui vient d’être diffusé sur France 3. Bien sûr, on y entend Milig plaider pour l’autonomie et même pour un État breton et plusieurs de ses proches expliquer qu’il n’était pas évident d’être nationaliste breton dans les années soixante-dix. Chez Polac, il répondait sèchement aux questions qu’on lui posait sur son chant de marche de l’ARB. Une série de photos en noir et blanc face à un micro rappelle les coups de gueule qui choquaient parfois son public. Pour Yann Puillandre lui-même, il fallait bien que quelqu’un commence, mais tout cela n’était finalement que de l’activisme verbal.
Le documentaire de Philippe Guilloux propose un itinéraire sur les pas du chanteur et au-delà du mythe, présente un personnage contradictoire, beaucoup plus mesuré en privé que sur scène. Il pouvait être dur avec ses amis, et Fañch Bernard sait apparemment de quoi il parle. Il bousculait ses amis, et Xavier Grall s’en est bien rendu compte. Mais il savait aussi être amoureux et le dire en chanson.
Katell est extraordinaire à deux reprises. Elle est émue quand elle parle de ses premières années à Bruxelles enArmor Glenmor 047 compagnie de Glenmor : on ne rencontre un Glenmor qu’une fois dans sa vie, et heureusement ! Elle est cruelle et redoutable quand elle évoque leur séparation : il est devenu un séducteur, il est devenu comme tout le monde, un Français !
C’est un mot du peintre Alain le Nost qui donne son titre au film : Glenmor, dit-il, c’était l’éveilleur et il a rendu sa dignité à la Bretagne. Le barde, explique pour sa part Daniel Yonnet, se servait de l’actualité, la marée noire par exemple, pour crier sa colère ou son admiration. Il était pour la langue bretonne, mais selon Gilles Servat, il trouvait absurde de fabriquer des mots que personne ne comprend. Finalement, Sterenn dit sans doute involontairement le mot juste à propos de son père, lequel avait assurément le gwenn-ha-du dans le cœur : rien n’est jamais noir, rien n’est jamais blanc.
Un film à voir ou à revoir (voir message précédent).

Pour en savoir plus :
Lire dans le numéro de mai du magazine Armor une interview de Philippe Guilloux à propos du film qu'il a réalisé sur Glenmor : "l’icône qu’il est devenu, explique-t-il, m’intéresse moins que l’homme, le personnage, ses failles, sa générosité, son talent."

Commentaires
P
Lorsque l'on dit que glenmor a été un éveilleur de conscience que faudrait-il expliquer ? Ce que j'ai voulu montrer dans le film c'est que Glenmor n'a pas forgé UNE conscience. Il a "simplement" réveillé le sentiment d'être breton et donner aux gens le courage de l'affirmer ce qui n'était pas le cas à cette époque où "les épluchures étaient pour les bretons". Il a ensuite laissé chacun mener son combat. Pour Xavier Grall, se fut le retour en Bretagne, la Nation Bretonne, des prises de positions, des écrits. Pour Yann Goasdoué, se fut la création de Menez Kam puis de la Coop Breizh. Pour d'autres comme Alain Le Nost, cette identité bretonne se traduit dans leurs oeuvres. Pour d'autres encore, se fut l'engagement dans une lutte armée ou politique. Je fais crédit à Glenmor d'être tellement épris de liberté qu'il ne se serait jamais permis de dire à une personne de faire ci ou çà. C'est difficile à comprendre quand on voit la ferveur qu'il a suscité auprès de toute une génération.<br /> <br /> Quand aux côtés hagiographique du film, les réactions épidermiques provoquées par le film chez certains qui me reprochent d'avoir oser écorner le mythe montre bien que c'est une notion relative. Je n'ai pas l'impression d'avoir fait une stèle. J'ai voulu montrer que derrière ce que certains ont transformé en icône, il y avait aussi un homme avec ses faiblesses, ses failles, ses travers mais je n'ai pas voulu faire plus que si j'avais fait le portrait d'un autre artiste. <br /> <br /> Dernier point : je fais du documentaire, pas des thèses ni des enquêtes. Je ne fais pas des films pour libérer les cerveaux et consommer du coca cola, fut-il du Breizh Cola. Je laisse le soin au spectateur, en qui j'ai le plus grand respect, de faire la part des choses et j'essaye de lui donner envie de découvrir. Je ne suis pas la pour asséner MA vérité. Que le film donne envie à certains de débattre, de se lancer dans une thèse, dans une analyse des textes de Glenmor, c'est une belle perspective.<br /> Merci donc d'avoir pris un peu de votre temps pour émettre votre opinion sur ce film.<br /> philippe Guilloux<br /> réalisateur de Glenmor l'éveilleur
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J
"Mais qui a analysé le discours de Glenmor ? Qui a produit une analyse critique à ce sujet ?""<br /> <br /> Bien d'accord avec le commentateur précédent.<br /> <br /> Glenmor ne vaut-il pas une thèse sociologique ?<br /> JLP
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G
Je suis assez d’accord avec le commentaire précédent. Mais je ne dirais pas que ce film est une hagiographie. Il s’intéresse quand même au bonhomme Glenmor, et il essaie de nous faire partager son vécu, avec ses ruptures et ses incohérences, pour ne pas dire ses inconséquences. Je ne suis pas sûr que le film ait plu tant que ça à ceux qui veulent statufier Glenmor. Il y a en plus dans le film quelques-uns qui parlent pour ne rien dire et dont on a l’impression qu’ils ne sont là que parce qu’ils sont les gardiens de la mémoire. <br /> C’est vrai qu’au bout d’une heure on ne voit pas bien en quoi Glenmor a été un éveilleur. Il ne suffit pas de le dire et de le répéter, en plus les articles publiés dans les magazines bretons se contentent de reproduire le peu de ce qui se dit dans le film à ce sujet. Ils auraient pu eux aussi enquêter. Le réalisateur aussi aurait pu creuser un peu le sujet. Mais personne ne le fait, personne ne cherche à savoir plus que l’idée reçue, comme si c’était une évidence et qu’elle va de soi. Le film ne prend donc pas assez de distance. Mais qui a analysé le discours de Glenmor ? Qui a produit une analyse critique à ce sujet ? Le film aurait dû commencer à le faire.
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F
Pas question de contester l'intérêt, pour mémoire, d'un film-hommage. Cela posé, je regrette aussi, après avoir vu ce film,l'absence d'une vraie enquête, le manque de curiosité pour l'homme Emile Le Scanv. Le choix de lui dresser encore une stèle plutôt que de prendre le risque d'un vrai portrait et de se colleter avec ses évolutions (ou ses contradictions) donne le sentiment de passer à côté d'un homme sans doute plus complexe...
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Le blog "langue-bretonne.org"
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Votre blog est impressionnant autant sur le fond que sur la forme. Chapeau bas !
Un correspondant occitan, février 2020.

Trugarez deoc'h evit ho plog dedennus-kaer. [Merci pour votre blog fort intéressant].
Studier e Roazhon ha kelenner brezhoneg ivez. Miz gouere 2020. [Étudiant à Rennes et enseignant de breton. Juillet 2020].

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