La deuxième journée du 47e congrès de la Société de mythologie française à Brasparts
Les congressistes s’intéressent à la tourbière du Yeun-Elez dans les monts d’Arrée, aux récits mythiques corses et aux esprits en Bordelais
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Une autre vue de la salle lors du congrès de la SMF à Brasparts. Photo DR.
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Don-Mathieu Santini. Photo DR.
La mer, élément de transgression d’un milieu à l’autre dans les récits mythiques traditionnels corses
Cette communication partira une fois de plus de l’hypothèse que le monde de l’homme est constitué de deux milieux, au sens mésologique du terme, et de la relation qui existe entre le milieu visible du réel rationnel, matériel et mesurable, et le milieu invisible d’une réalité phénoménologique traditionnelle incluant esprits, divinités et être polymorphes. Les récits mythiques traditionnels disant, autre hypothèse, une transgression d’un milieu à l’autre.
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Élise Milano. Méduse. Photo DR
L’objet de cette communication sera de prendre la mer, à bord des récits mythiques que les traditions orales et écrites nous ont transmis. Des motifs marins universels du conte merveilleux (a fola), particulièrement chargés de symboles pour un peuple insulaire, nous rejoindront par ses embouchures les mythes fondateurs où le regard de l’autre et sur l’autre nous oblige à passer par les détroits de la légende.
En ces lieux nous attendront les passeurs d’âmes (mazzeri) et autres conjureurs (signadori), qui, de poissons en coquillages, perpétuent le cycle des âmes et leur protection. À travers ce périple, nous distinguerons les types de récits cosmiques (contes, mythes et récits d’apparition) relevant de la limite et de sa transgression vers un autre milieu, des récits politiques (légendes) définissant des frontières en transgressant des territoires.
Les récits cosmiques relèvent de l’initiation et du cycle vie-mort-renaissance quand les récits politiques, les légendes, s’inscrivent dans l’histoire. Cela n’empêche pas ces derniers de piocher dans le merveilleux des premiers, mais leur facture religieuse, au sens de Marcel Gauchet, est devenue littéraire et politique.
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Jacques Berruchon. Photo DR.
Jacques Berruchon
Saint Michel, l’Ankou et le Chien noir du Yeun Élez : trois psychopompes autour d’une tourbière
L’entrée de l’Enfer se situerait dans le Youdig, un trou d’eau sans fond au sein d’une tourbière dominée par les monts d’Arrée, connue pour ses feux-follets, ses bruits horribles. Les tourbières momifient les corps. Cette zona incerta contient en principe des morts-vivants. Elle soulage les vivants des tracas causés par certains défunts. Des chiens noirs noyés symboliquement dans le Youdig endossent et isolent ces âmes difficiles.
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Jacques Kemener. Le Youdig. Photo DR
Ceci est aussi une remotivation d’un culte quasi universel (Chien d’Hécate, Cerbère…). Aucune trace archéologique de ceci. Saint Michel domine la tourbière par sa chapelle. Il aide les âmes à atteindre le ciel. Sa présence comme sa fonction de psychopompe sont probablement des réminiscences de l’origine chrétienne.
L’Ankou, cueilleur des âmes défuntes, dernier mort de l’année précédente, précédé d’intersignes, conduit une charrette grinçante. Ni guide ni juge, il a pour attributs une faux retournée et un pic (cf. les sculptures religieuses de Brasparts). Il est panbreton… Autour d’une tourbière récente se pressent des psychopompes d’importation. On ne peut pas parler de mythologie propre à cette tourbière. Elle conjugue cependant trois modes de passages vers l’Autre-Monde.
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Marie-France Bereni-Canazzi. Photo DR.
Marie-France Bereni-Canazzi
Deux maîtres de « Mondes d’en bas » dans l’imaginaire corse
La croyance en Corse jusqu’à la moitié du vingtième siècle posait l’existence d’autres mondes peuplés d’êtres souvent hostiles. Accessibles par le rêve, par des chutes dans les profondeurs de la Terre ou par des rencontres plus ou moins fâcheuses, ces lieux sont dans les contes et légendes en lien avec le quotidien des mortels. La porosité semble indéniable.
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Ces mondes qui jouxtent le nôtre sont emplis d’entités et perturbent la vie et la raison des mortels. Que sait-on d’eux et de leurs maîtres que l’on imagine cruels et effrayants tout autant que justes et magnanimes ? Plusieurs modes d’accès aux mondes parallèles sont possibles selon les Fole – récits lus ou entendus.
Deux récits mythiques explorent des lieux souterrains imaginaires, inférieurs géographiquement, et permettent de saisir comment passer d’un monde à l’autre. Dans L’Infernu du poète Natale Sarocchi, l’arrivée de Culuseu en Enfer, tout comme la chute d’une fillette jetée dans un puits par sa marâtre dans le conte u Ghjattu Mammo, nous font découvrir deux curieuses régions dominées
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Marie-Catherine Sudret. Photo DR.
Comment s’accommoder des esprits en Bordelais à la fin du XIXe siècle, au début du XXe siècle ?
Notre propos s’attachera à déterminer les moyens mis en œuvre par les populations rurales entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle en Bordelais, pour entrer en relation avec « l’autre monde » et ces êtres intercesseurs, au sein du foyer ou dans la profession de carrier.
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Tombe de Lucmau de Classun, spirite Ladaux (Gironde. Photo : Marie-Catherine Sudret.
Si les « passages vers l’autre monde » ne sont pas explicitement mentionnés dans les témoignages, les collectes mémorielles laissent entrevoir un contour assez précis des usages, des rites profanes et des cérémoniels sacrés. Notre communication est élaborée à partir de ces ressources historiques qui permettent de dégager les pratiques traditionnelles, et les êtres fabuleux associés à « l’autre-monde ». Fées païennes ou saints sanctifiés par la tradition, respectés et vénérés, ils accompagnent les vivants dans leur quotidien et sont présents aux grandes fêtes chrétiennes.
Notre exploration des croyances, des traditions, des légendes liant ces êtres merveilleux au quotidien des Girondins de la fin du XIXe siècle au début du suivant permet de montrer que ces pratiques communes.
À suivre : la troisième journée de communications lors du congrès de la Société de Mythologie française à Brasparts.